De la révolution française où le même peuple qui renverse le roi fait prendre conscience à la bourgeoisie qu’il lui faut réprimer les colères sous peine de se faire emporter à son tour, jusqu’à l’industrialisation qui voit l’émergence progressive d’un vaste mouvement ouvrier qui se révolte contre ses exploiteurs, les gouvernements qui se succèdent, que ce soit sous le Directoire, l’Empire, la Monarchie restaurée ou la République, vont tour à tour manier le tranchant et le dos du sabre pour mater, prévenir ou amadouer les colères populaires. Dans cet exercice du bâton et du fouet, le maintien de l’ordre va progressivement devenir « chose publique » (res publica) entre les mains de nouvelles autorités civiles et exécutives en charge de la paix sociale au sein même de la population. Cette conception naissante de « gestion » de la paix sociale va de pair avec une nécessaire prévention des troubles et un usage maîtrisé de la répression, et donc avec un affinement de l’arsenal législatif, une évolution des pratiques et une spécialisation des unités et des autorités dans le sens d’un maintien républicain de l’ordre public.