[Millau] Fichage massif de la préfecture et amendes à distance

À l’occasion de la sortie du confinement, plusieurs rassemblements et manifestations ont eu lieu dans la ville de Millau au mois de mai. La préfecture de l’Aveyron met en place une nouvelle stratégie repressive. Taper dans nos portefeuilles.
Intégrallement repris du site contre la « Smart City » et la vidéo-surveillance Technopolice

À l’occasion de la sortie du confinement, plusieurs rassemblements et manifestations ont eu lieu dans la ville de Millau au mois de mai. À la suite de celles-ci, une cinquantaine de personnes ont reçu une ou plusieurs amendes de 135€ pour « rassemblement interdit sur la voie publique dans une circonscription territoriale où l’état d’urgence sanitaire est déclaré » [1] et ce, sans aucun contrôle de police. La première hypothèse était que les manifestants, qui se baladaient par groupe de 10, aient été identifiés par les nombreuses caméras de vidéosurveillance de la ville. La mairie a confirmé la saisine des enregistrements des caméras par la préfecture. Le samedi 12 juin, une manifestation réunissant plusieurs centaines de personnes a demandé des comptes à la mairie et à la préfecture. Lundi 14 juin, la préfecture et le commissaire ont rencontré plusieurs « amendés », expliquant leur identification par les renseignements territoriaux (aussi appelés communément sous le nom de RG). Les caméras n’auraient servi qu’à « confirmer » la liste formée par les renseignements.

La préfecture de l’Aveyron affirme que la vidéoprotection, pour la police, « n’a été qu’un outil d’identification, même si 99 % des reconnaissances avaient été réalisées sur place. Elle n’est qu’un support pour accréditer les destinataires du PV et non le contraire ». [2] Pourtant les caméras ne sont pas censées être des outils d’identification, comme le rappelle ce journal local « La vidéoprotection n’est pas là pour espionner les Millavois » en 2017. [3] Le ton ferme sonne comme une tentative de faire accepter ces caméras, en expliquant pédagogiquement les mesures prises par les autorités publiques. Manque de bol.

Mettre des amendes est un outil répressif commun. La nouveauté réside dans le fait que la police utilise le fichage des renseignements territoriaux pour distribuer des amendes aux militants et militantes. Le fichage – censé être informel – se transforme en sanction pénale. Ce faisant, ils révèlent le fichage massif pratiqué par la police aveyronnaise, avec photos, noms, prénoms et adresses (a minima) des millavois·es et alentours.

Historique de la vidéosurveillance à Millau

Mars 2017 : début de la vidéosurveillance avec l’ installation des 9 premières caméras [4] et reliées au CSU (centre de supervision urbaine), installé au sein de l’hôtel de police, rue de la Condamine. En 2017, le maire Christophe Saint Pierre annonçait vouloir en poser 39 d’ici 2020, pour 350 000€ de budget.

Début décembre 2019 : la 44e caméra est posée « Avec ces nouveaux équipements, Millau se rapproche du “maillage de 53 points sur son territoire » annonce la municipalité. [5] Parmi ces 44, trois sont des caméras nomades, c’est-à-dire déplaçables selon les envies de la municipalité.

Fin décembre 2019 : C’est dorénavant 48 caméras [6] qui sont installées à Millau, soit une dizaine de plus que ce qu’avait annoncé Christophe Saint Pierre au début de son mandat. Les caméras semblent être un marché lucratif, politiquement et économiquement . [7]

Règlement d’utilisation de la vidéoprotection à Millau

La première phrase annonce la couleur, il s’agit ici de « lutter contre le sentiment d’insécurité » [8]. On peut y lire que le responsable de la vidéosurveillance est le maire de Millau. Celui-ci a pourtant voulu se dédouaner de cette responsabilité lorsque qu’une cinquantaine de personnes ont reçu des amendes, en affirmant n’avoir rien à voir avec la saisine des enregistrements des caméras de vidéosurveillance. [9]

Création d’un Comité d’éthique

Ce comité, composé de 10 personnes, est « chargé de veiller au respect des libertés fondamentales des citoyens ». On apprend qu’il est constitué d’élus de la majorité et de l’opposition, de représentants d’associations et de comités de quartier. Sans préciser quelle proportion prendront les élus de la majorité. Ce comité est censé rédiger un rapport d’activité par an, se réunit une fois par trimestre et peut faire des recommandations au maire. Les citoyens peuvent saisir (en théorie) ce Comité d’Ethique et ce dernier peut à son tour saisir la justice s’il remarque une irrégularité. A noter que le comité est présidé par Bernard Maury [10], ancien gendarme lors « des événements de 68 » et colonel à la retraite [11]. L’utilité et la partialité de ces Comités d’éthique sont grandement discutables, en dehors du fait qu’ils servent régulièrement de caution aux mairies déployant massivement des dispositifs de vidéosurveillance. Dans les faits, ces comités ne servent pas à grand-chose [12].

Financement(s)

39 caméras installées sur 4 ans : coût total 519 000 €
2016 et 2017 : 26 caméras
2018 et 2019 : 13 caméras
Coût de fonctionnement et évolution du système par an : 10 000 € [13]

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