La famille Roudier, des fachos à la ferme : le père

Mardi 5 décembre au matin sera jugé Roudier père, pour les violences perpétrées à Montpellier, en juillet 2017, contre une association qui aide les mineurs isolé.es étranger.es. Mais qui est ce Roudier ? Un « psychopathe », un bourgeois, un raciste ou les trois en même temps ? Article repris du site La Horde.

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Gérard Nicoud, que Roudier va croiser en 1970 au cours des émeutes de nuit des viticulteurs à Béziers (Roudier est entouré en jaune sur la photo extraite du journal {Minute}). - 264 ko
Gérard Nicoud, que Roudier va croiser en 1970 au cours des émeutes de nuit des viticulteurs à Béziers (Roudier est entouré en jaune sur la photo extraite du journal {Minute}).

Roudier le « psychopathe »

Car son engagement aux côtés des militants d’Europe-Action lui a surtout donné l’occasion de s’adonner à sa grande passion : la baston, qui ne l’a jamais vraiment lâché depuis. « C’est au cours du mois de mai [1968] que je réalise “in situ” que le corps humain peut être facilement démultiplié quand on le prolonge par une chaîne de vélo. Je gagne ici définitivement, je crois, une réputation de psychopathe » déclare-t-il sans ambages [1]. Roudier est alors un nationaliste un peu perdu, et, tout anticommuniste qu’il soit, il regarde avec envie les « gauchistes », dont il admire la rigueur doctrinale et les pratiques militantes, en train de remporter la mise de la « révolution » qui se déroule sous ses yeux.

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Mais du côté des idées, rien ne change : s’il ne rejoint pas le GRECE d’Alain de Benoist car il ne se reconnait pas dans l’admiration de ce dernier pour les grands blonds aux yeux bleus (Roudier est lui-même petit et brun), il reste fidèle à un ethno-nationalisme qui était déjà celui de la FEN, et se convertit au combat « métapolitique » prôné par de Benoist. Au début des années 1970, il s’engage ainsi aux côtés du néo-poujadiste Gérard Nicoud dans les luttes des viticulteurs autour de Béziers, mais surtout dans l’occitanisme.

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Roudier au service du patronat

Ainsi, celui qui se considère aujourd’hui « du côté du peuple et des travailleurs » était alors surtout du côté du patronat, et lui qui se dit « traditionnellement tourné vers la nature » n’hésitait pas à participer, sur le plan professionnel du moins, à la destruction et la pollution de l’environnement. Mais les temps ont changé, et aujourd’hui il y a moyen de faire du business avec le bio et le retour à la terre : à Saint-Julien de la Nef, au pied du Mont Aigoual, dans les Cévennes, la famille Roudier propose ainsi des chambre d’hôtes au Château d’Isis, mais pas exactement pour les prolétaires (263 euros la nuit pour quatre personnes en pension complète, quand même).

En haut, l’image d’Épinal pour attirer le chaland, avec Richard et Maryvonne en train de travailler la terre. En bas, avec leurs copains d’extrême droite pour des activités militantes et musclées que les clients ne voient pas… - 1.6 Mo
En haut, l’image d’Épinal pour attirer le chaland, avec Richard et Maryvonne en train de travailler la terre. En bas, avec leurs copains d’extrême droite pour des activités militantes et musclées que les clients ne voient pas…

C’est justement à la fin des années 1980 que Roudier rachète, pour 700 000 francs à l’époque (environ 165000 euros aujourd’hui) ce château en mauvais état, qui va devenir non seulement son lieu de vie et une source de revenus, mais aussi assez logiquement, le centre de son activité politique à venir, et en particulier le siège de son mouvement actuel, la Ligue du Midi. À la même époque, Richard Roudier fait une pause dans ses activités militantes pour se consacrer à sa famille, qu’il considère comme « une phalange spartiate » : sa femme mais aussi ses trois enfants partagent en effet son engagement nationaliste.

Roudier, 100% raciste

C’est d’ailleurs quand ses deux fils, Olivier et Martial, rejoignent en 1998 le groupuscule nationaliste-révolutionnaire Unité radicale (UR), que Richard Roudier remet le pied à l’étrier. Il lui arrive ainsi de coordonner le service d’ordre du mouvement lors de la tenue de meetings, avant de rejoindre, sous le pseudonyme Jorgi Rougemas, le comité exécutif du mouvement en 2001, en charge de la formation et des problèmes de sécurité. Ce retour au militantisme est aussi l’occasion de renouer avec de vieilles habitudes, y compris contre d’autres nationalistes : Roudier père et fils échangent ainsi quelques coups avec Yvan Benedetti et quelques militants de Jeune Nation en marge d’une réunion d’UR à Lyon en avril 2002.

Racisme outrancier et assumé, folklore néo-fasciste… Voilà à quoi ressemble le groupuscule que dirige, avec d’autres, Richard Roudier dans les années 1990. - 347 ko
Racisme outrancier et assumé, folklore néo-fasciste… Voilà à quoi ressemble le groupuscule que dirige, avec d’autres, Richard Roudier dans les années 1990.

Mais Roudier se lamente de la pauvreté doctrinale d’UR et surtout des préoccupations géopolitiques et idéologiques (en particulier un antisémitisme à peine masqué) défendues par le dirigeant d’UR Christian Bouchet. Ainsi, en février 2002, Richard Roudier et deux jeunes skinheads d’UR, Philippe Vardon et Fabrice Robert, pousse Bouchet vers la sortie, tandis que, le 14 juillet de la même année, un militant proche d’UR, Maxime Brunerie, tente d’assassiner le président Chirac nouvellement élu… Unité radicale va être dissoute dans la foulée, ce qui va permettre à Roudier, Vardon et Robert de créer les Identitaires.

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Notes

[1Les éléments biographiques de la jeunesse de Richard Roudier sont pour l’essentiel extraits de son autobiographie auto-éditée, Le Glaive et la Charrue, publiée en 2013

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