Les mouvements étudiants sont faits pour mourir

Nouveau communiqué semi-parodique du Seum pour dresser un premier bilan critique sur la lutte à la fac de Lettres de Montpellier.

On a voté, et puis après. Des étudiants zombis entassent leurs carcasses dans un amphithéâtre pour pouvoir retourner à leur morne existence. Qu’ils reposent en paix. Jamais un vote n’a fait basculer le cours de l’histoire. Le mouvement à la fac de Montpellier continue. C’est juste l’occasion de dresser un bilan critique d’une lutte en cours. Cette révolte comporte des potentialités explosives mais aussi de sérieuses limites.

Fin des cours, vie magique

C’est la grève étudiante et le blocage de la fac qui ont déclenché un mouvement d’ampleur. Auparavant, des AG clairsemées ne font qu’ânonner la logorrhée syndicaliste. Dresser des barricades permet de rompre avec la routine militante et l’étouffoir du légalisme. Les étudiants et étudiantes découvrent la joie de s’approprier la fac et de défier les conventions. Une nouvelle génération se politise dans la lutte.

Quelques jours de blocages sont mis en place juste avant les vacances universitaires. Le premier blocage découle d’une observation simple : les schémas militants ne fonctionnent plus. Les AG sont désertées et les tables café n’attirent plus personne. La grève permet de briser la routine du quotidien. Une AG attire presque un millier de personnes, dont des lycéens et lycéennes en grève. Elle décide largement de reconduire le blocage. Après les vacances, le blocage est même reconduit pour une semaine à une courte majorité. Les étudiants et étudiantes peuvent se libérer des cours pour passer à l’action.

Tout le monde déteste les AG

Les assemblées générales (AG) étudiantes sont devenues centrales. Les gauchistes ne veulent pas rassembler du monde pour pouvoir agir. Ils veulent agir uniquement pour rassembler du monde en AG. Ainsi les AG ne sont malheureusement pas des espaces d’auto-organisation. On assiste davantage à un spectacle qui renforce la passivité. La mise en scène bureaucratique empêche toute forme de transgression. L’affirmation des egos prime sur les échanges d’idées. Les éternels discours réformistes et revendicatifs se juxtaposent. Même les briseurs de grève peuvent déblatérer. Dans ce contexte, il devient difficile de prendre des décisions. Aucune véritable remise en cause de l’ordre existant ne peut émerger.

Des bloqueurs aux anti-bloqueurs, tout le monde défend le droit à l’éducation et le libre accès aux cours.Tous les gauchistes défendent l’école et l’éducation nationale. Les syndicalistes pleurnichent auprès de l’Etat pour demander plus de moyens. Au mieux ils réclament une Université ouverte et émancipatrice. Mais ils ne remettent rien en question. L’autorité du professeur doit être sagement préservée. L’école favorise la soumission à l’autorité. Même la sélection sociale n’est pas égratignée. L’école permet pourtant de justifier une société de classe et toutes les hiérarchies. Les AG ne favorisent pas la réflexion collective et l’auto-organisation de la lutte.

Paul-Va ingouvernable

Les gauchistes ont tenté de lancer un mouvement co-géré avec la direction de la fac. Des syndicalistes négocient avec la présidence la bonne conduite de la révolte. Ils s’accordent pour ne pas bloquer le bâtiment administratif et de ne pas perturber la gestion de la fac. Le président accorde même aux gauchistes une improbable réunion d’information qui tourne au meeting soporifique.

Ce sont pourtant les conseils centraux de la fac qui mettent en place la sélection. Ils ont voté des pré-requis, des critères de sélection qui expriment une logique de classe. Les pauvres et les cancres ne doivent plus mettre les pieds à la fac. Face à cette situation, la cogestion n’est plus possible. Aucun conseil d’administration ne doit se tenir tranquillement. Le bâtiment administratif doit être paralysé. La fac doit devenir ingouvernable. La présidence doit être destituée.

Ceci n’est pas un mouvement étudiant

A Paul-Va, les cours se terminent. Les partiels sont déjà là. L’année universitaire s’achève. La grève et le blocage sont les seuls moyens pour ne pas se soumettre au calendrier et à la logique de l’urgence. Le mouvement doit devenir maître du temps. Quelques facs s’agitent partout en France. Mais le contexte semble éloigné des mouvements étudiants traditionnels.

En revanche, une contestation sociale prend de l’ampleur. Une coordination nationale de lutte tente de sortir de l’encadrement syndical pour regrouper tous les mouvements qui partent des facs. Les AG doivent laisser place à des assemblées de lutte qui tentent de coordonner les différents mouvements de grève. L’habituelle gestion logistique doit s’accompagner de réflexions stratégiques. Des commissions en petits groupes, sans sombrer dans la spécialisation, peuvent permettre à chacun et chacune de s’approprier la lutte.

Plusieurs secteurs font du 22 mars une date centrale. Les actions de blocage économique doivent s’organiser avec les salariés. Des assemblées de base doivent construire une véritable solidarité inter-catégorielle. La généralisation de la grève et de la révolte doit ouvrir de nouvelles perspectives.

P.-S.

Trouvé sur l’improbable page du Seum (Syndicat des enragés universitaires de Montpellier)

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