Nous sommes plusieurs dizaines à se retrouver devant la prison.
Le vent souffle très fort et porte nos cris, nos slogans « mur par mur, pierre par pierre, nous détruirons toutes les prisons », « libérez tous les prisonniers », etc. Le vent souffle très fort sur l’unique banderole « feux aux prisons ».
Le vent emporte notre rage jusqu’aux prisonniers, qui, à la vue de notre banderole, répondent avec les moyens du bord. Avec presque rien ils crient, allument des feux, font du bruit sur leurs barreaux.
La nuit tombe doucement, les premiers feux d’artifices sont lancés. On sent l’ambiance électrique dans l’air, on se retient encore. On retient les feux d’artifices automatiques…
Il fait nuit, il est temps. Des copains s’éloignent et plusieurs minutes de feux d’artifices sont lancés. La réponse est immédiate et virulente. On peut distinguer chacune des voix des prisonniers. Avec toutes leurs forces, ils nous font savoir qu’ils sont là, encore en vie, impatients que le feu ne soit pas seulement d’artifice. Ils ont clairement envie de se casser, se faire la malle, creuser un tunnel ou foutre le feu à leurs vêtements…
Nous ne les laisserons pas seuls face à la machine à broyer des vies qu’est la prison.