Contrairement à ce que beaucoup semblent croire nous ne dormons pas depuis deux jours. Nous nettoyons le lieu, nous le préparons à accueillir à nouveau les évènements multiples qui ont fait notre reconnaissance depuis des mois.
Pour ce qui est du carnaval : il est clair pour beaucoup que la manière dont c’est déroulée la soirée n’a pas satisfait tout le monde (c’est le moins que l’on puisse dire). Je vous rassure chez nous aussi les avis sont partagés.
Mais que s’est-il vraiment passé ? Le Royal OQP était présent bien sûr ! nous n’aurions raté pour rien au monde cette grande fête qui par les hasards du calendrier tombait le même jour que notre procès. Nous avions travaillé énormément pour que ce jour soit une grande fête, pour que cette année la police ne vole pas les chars qui sont une partie importante du carnaval (pour rappel les chars avaient été saisis par la police les années précédentes et des personnes s’étaient retrouvées en GAV (garde à vue) avant même le début du carnaval). Cette année nous avons amené 6 chars : des dragons, des poissons, etc.
Nous sommes heureux.ses d’être venu.e.s, heureux.ses d’avoir vu nos nombreux.ses soutiens être là, heureux.ses d’avoir festoyé, heureux.ses d’avoir vu le matin s’exprimer la solidarité devant le tribunal.
Nous avions travaillé (...) pour que cette année la police ne vole pas les chars qui sont une partie importante du carnaval
Nous sommes tristes d’avoir vu la police charger les carnavalier.e.s dès 21h, nous sommes tristes d’avoir dû soigner des individus qui avaient été brutalisé.e.s par la police et blessé.e.s. Nous sommes tristes de voir le peu de confiance qui nous est accordée. Nous sommes tristes de voir [certains] soutiens reprendre sans distance la thèse de la police selon laquelle le Royal OQP serait responsable de la manière dont Carnaval s’est passé cette année. Nous sommes tristes de voir encore "notre" pays sous état d’urgence et la police avec les pleins pouvoirs.
Le carnaval est réapparu dans notre ville lors des mouvements de protestation contre les lois pasqua, il a toujours été un moment de lutte active dans la rue, une lutte de fête mais aussi une lutte politique. Le carnaval a toujours été le théâtre de débordements il en est même un "cadre". Le carnaval existe avec ou sans le Royal OQP.
Les années précédentes il y avait aussi des tags, aussi des pétards, aussi des feux d’artifices. Mais les années précédentes la police n’avait pas brutalisé comme elle l’a fait toute l’année celleux qui s’engagent, celleux qui luttent, celleux qui n’ont pas la chance d’avoir la bonne couleur de peau. Cette année la police a tué, a violé. Cette année d’état d’urgence les pouvoirs publics ont soutenu et couvert les exactions de ce groupe armé qui a défilé cagoulé dans nos villes. Cette année la misère a encore augmenté dans l’indifférence générale.