26 Octobre 2016, Montpellier, une vingtaine de personnes manifestent contre les violences policières et en hommage à Remi Fraysse assassiné par la police le 26 octobre 2014. La BAC, puis les gardes mobiles se disposent face à ce petit groupe. Ces manifestants, s’ils crient avec force des slogans tels que "pas de justice, pas de paix", ne manifestent aucune violence, ne sont armés que de pancartes sur lesquelles sont inscrits le noms des personnes abattues, en toute impunité, par la police.
Au même moment, à l’autre bout de la place se tient une manifestation de policiers dont nous bloquons le parcours. Nous sommes une vingtaine. A 13h30, quatre véhicules militaires pénètrent sur la place. Les militaires, équipés d’armes de guerre prennent position. Ils ne sont pas là au hasard d’une patrouille et ont reçu un ordre précis : se positionner face à nous, l’ennemi. Leur disposition scénographiée indique qu’ils veulent de l’image. Ils n’en auront pas. Aucun journaliste ne se précipite, personne ne hurle, aucun scandale : depuis des années les militaires se sont introduits peu à peu, par trois ou quatre, dans le paysage urbain.
Aujourd’hui, octobre 2016, ils peuvent prendre position, en nombre, sur une place, face à vingt femmes et hommes non-violents et les menacer. Affirmer, dans l’indifférence générale, l’état de guerre contre l’ennemi intérieur dont nous étions les représentants.
Mais si ils ne nous font pas peur, ils nous donnent envie de vomir.
Pour mieux comprendre cet état de guerre :