En temps normal, lors de n’importe quel mouvement social, même de plusieurs millions de personnes, les réactions auraient été unanimes : les médias auraient dénoncé un mouvement minoritaire d’agitateurs violents, de preneurs d’otages jamais contents, d’un mouvement sans projet, sans ambition ou manipulés par l’extrême gauche. La manifestation aurait été violemment réprimée par la police, des dizaines de personnes auraient fini à l’hôpital, d’autres dans les cellules de l’État.
C’était des flics, ils ont défilé armés jusqu’aux dents, parfois cagoulés, dans nos rues au sein d’une manifestation sauvage. Avec les voitures, les armes, le matériel payé par nos impôts, ces derniers n’ont reçu aucune critique de la part de la classe politique, personne n’a dénoncé cette scandaleuse tentative d’intimidation policière, les médias leur servent encore la soupe comme tous les jours.
La flicaille entend dénoncer la “haine anti flics”, qu’ils subiraient, comme si ces idiots n’avaient pas compris que personne ne naît en détestant la police : ce sentiment se construit jour après jour suite aux violences policières quotidiennes que subissent les jeunes dans les quartiers, les personnes de couleur, les militants révolutionnaires, les migrants, les gens du voyage, les pauvres, les syndicalistes.
Il n’y a pas de gène “anti flic” dont on serait doté à la naissance, tout ceci est une construction sociale, faite d’insultes, de droits bafoués, de coups de matraque, d’amis assassinés par des bavures, d’yeux crevés par les flashball...
Combattre l’impunité et la violence des policiers, c’est combattre pour le respect de ses droits. Pour la justice et la dignité. Ces manoeuvres dignes des pires mouvements putschistes sont non seulement scandaleuses du point de vue de l’État de droit (des centaines d’hommes armés, cagoulés, défilant dans nos rues), d’un point de vue du service public (nos impôts ne sont pas sensés subventionner des armes et des véhicules à des individus qui souhaitent défiler pour des revendications imbéciles), mais cette manifestation est aussi une insulte à la mémoire ouvrière et immigrée de ce pays :
En effet, c’était la nuit anniversaire du 17 octobre 1961, cette nuit-là plusieurs centaines de manifestants algériens pacifistes (sans armes) étaient assassinés par la police dans les rues de Paris, exécutés, jetés dans la Seine, ou entassés dans la cour du commissariat central. A l’époque, le préfet était Maurice Papon, ancien collaborateur, condamné pour crime contre l’humanité pour sa participation active à la déportation de milliers de français juifs durant la seconde guerre mondiale.
Les flics tuent, dans nos quartiers, dans nos manifestations. Ne nous laissons plus faire.
Un excellent article pour rappeler ce qu’il en est vraiment des flics blessés au travail (en général au sport).