Réponse au livre « Les Blancs, les Juifs et nous » : « Bouteldja, ses " sœurs " et nous »

Une brochure vient de paraître aux éditions Tout mais pas l’indifférence : un texte écrit en juin 2016 par Mélusine, à propos du livre d’Houria Bouteldja Les Blancs, les Juifs et nous, à lire et télécharger sur infokiosques.net.

Ce texte constitue une réponse à l’arnaque qu’est le livre d’Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous – Vers une politique de l’amour révolutionnaire. Mélusine focalise notamment son attention sur le chapitre "Nous, les femmes indigènes", mais au-delà de la critique, c’est surtout l’occasion d’exprimer une position féministe et antiraciste alternative.

« L’amour révolutionnaire que propose Bouteldja est une arnaque, et cette arnaque n’est même pas audacieuse ou originale, c’est le rappel à l’ordre ordinaire des femmes : tu ne t’appartiens pas, tu es à nous – à nous les hommes, à nous la famille, à nous le peuple, à nous la nation.

(...)

Susciter le respect par l’abnégation et l’endurance silencieuse, voilà la seule récompense à laquelle peut prétendre la femme loyale à son sang. Comment céder à cette arnaque qui va si nue, si claire, si franche ? Les femmes racisées ont si peu appris à exiger, si peu appris à dire Je, à dire non, à aller seules. Au lieu de nous y encourager, Bouteldja nous prévient que le jeu n’en vaut pas la chandelle et agite la menace de l’opprobre : il est dangereux de céder aux sirènes blanches de la liberté, la sécurité est auprès des vôtres – dans un monde indigène fantasmé de racines déterrées et bouturées d’une iconographie orientaliste et raciste. Elle, qui semble croire que la seule chose susceptible d’attirer les femmes racisées hors d’une communauté prétendument close est la séduction de l’homme blanc, nous adjure de nous en garder. Car, celle qui s’y risquerait, "quoi qu’il arrive, [subira] l’opprobre. Alors pourquoi prendre ce risque ?". Hors de la bénédiction collective, point de salut pour la femme racisée.

Bouteldja voudrait nous détourner des chimères féministes, ces mantras qui n’ont pas été conçus pour que nos bouches les prononcent : "Mon corps ne m’appartient pas. Aucun magistère moral ne me fera endosser un mot d’ordre conçu par et pour des féministes blanches." Elle devrait au contraire nous proposer de nous en saisir, de les faire nôtres sans permission. Une femme racisée qui revendique son corps, c’est le butin de guerre de nos grand-mères esclaves ou colonisées qui fructifie. "Pour moi, le féminisme fait effectivement partie des phénomènes européens exportés." Il n’y a pas de Raison blanche affirmait Fanon, il n’y a pas non plus de liberté blanche : je ne demanderai de permission ni à l’histoire ni à ma race pour me saisir comme je l’entends des outils susceptibles de me faire libre. J’ai grandi dans la société française, comme de nombreuses femmes racisées en France. Sauf à considérer que je lui reste nécessairement et naturellement étrangère, je décide d’autorité de disposer de toutes les idées qui s’y sont développées. »

A lire en intégralité sur infokiosques.net. À télécharger en PDF au format cahier imprimable/photocopiable et au format page par page.

P.-S.

Ce texte a été initialement publié le 20 juin 2016 sur le blog de Mélusine. Il a été publié sous forme de brochure en octobre 2016 par les éditions Tout mais pas l’indifférence.

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