Le déferlement médiatique, l’instrumentalisation politicienne et les réactions hâtives
Dès le lendemain de cet événement dramatique, les médias ont fait leurs choux gras. Quelques jours plus tard, c’est le maire en personne qui instrumentalisait odieusement ce viol en conférence de presse à des fins politiciennes : il fallait vite tenter de décrédibiliser ceux et celles qui s’opposent à sa politique de la ville résolument anti-écologique et antisociale, ainsi qu’à ses Grands Projets Inutiles (Las Rébès, la Mogère, Oxylane, Père Prévost, etc.), politique tout autant méprisable que celle concernant l’accueil des migrants, ou le harcèlement à l’encontre de BDS. Par ailleurs, nous nous inscrivons en faux de toutes analyses qui expliquent ce viol comme le résultat de la misère sexuelle, économique et sociale des quartiers.
Le respect inconditionnel de la personne qui a subi le viol
Porter une parole publique sur la question d’un viol collectif nécessite plusieurs précautions. La première et la plus importante est le respect inconditionnel de la personne qui a subi le viol. Il ne s’agit donc pas d’entrer dans le déroulé des faits par respect et pour la sécurité de cette personne. Il ne faut en aucun cas donner des éléments sur son identité et sa situation. Il est plus que nécessaire de respecter les choix qu’elle fait et qu’elle fera face à cette situation, sans jamais se substituer à sa parole. Le viol n’est en rien un fait divers ou un fait isolé mais bien un fléau social d’ampleur.
Le viol est une des expressions les plus violentes du système de domination patriarcale dans lequel nous vivons
Il est difficile d’aborder la question du viol sans au préalable poser une analyse du système patriarcal dans son ensemble et les conséquences de ce système de domination sur les personnes oppressées. Déceler les schémas de la domination masculine, les analyser et tenter de les déconstruire prend un temps considérable et c’est un sujet trop souvent laissé de côté. La société dans laquelle nous vivons et dans laquelle nous nous sommes tou-te-s construit-e-s est une société bâtie sur des systèmes d’exploitation et d’oppressions dont le patriarcat fait aussi partie. Nous véhiculons tous et toutes, à des degrés divers, des propos et comportements sexistes.
Le viol n’est pas l’apanage des quartiers populaires
Le système patriarcal dont le viol est un des vecteurs existe dans toutes les classes de la société.
Les viols collectifs ne se déroulent pas uniquement dans certains quartiers. Les tournantes dans les quartiers nommées ainsi par les médias, ont focalisé toute l’attention à d’autres fins alors qu’un très grand nombre de viols collectifs enregistrés ont eu lieu lors de soirées d’intégration dans des facs de médecine et autres grandes écoles et n’ont jamais fait l’objet de dénonciations publiques.
Le viol n’est en rien l’apanage des quartiers populaires, ni la conséquence d’une quelconque misère sociale et économique, mais bien l’expression d’un système de domination global qu’on nomme patriarcat.
Contrairement aux clichés véhiculés, les violeurs ne sont très majoritairement ni étrangers, ni célibataires (vivant seul), ni asociaux, ni impulsifs. Dans la plupart des cas, ils sont parfaitement intégrés à la société, mariés (ou vivant maritalement) et avec des enfants.
Dans la grande majorité des cas, les personnes subissant des viols connaissent leur agresseur : ils peuvent être le conjoint (à titre d’exemple, la reconnaissance juridique du viol conjugal date de 1992), des collègues de travail, des membres ou des proches de la famille, des individus de la sphère amicale, des médecins ou des soignants, etc.
Construisons une société dépourvue de tous les systèmes d’exploitation et d’oppressions !
L’AG populaire Nuit Debout lutte contre la loi travail et son monde ! Cela implique de mener de front une lutte contre toutes les formes de discriminations qu’elles soient économiques, sociales, raciales et de genre, pour construire une autre société, une société libre, égalitaire, démocratique, pour une remise en cause du système représentatif, pour une réappropriation de nos vies, pour retrouver le droit à la parole et la liberté d’agir ! Une société dépourvue de tous les systèmes d’exploitation et d’oppressions !