Dans quel camp nous situons-nous face à cette horrible épidémie qui, chez moi aux États-Unis, fait plus de mille morts par jour (au total 155.000 morts certifiés, sans compter des milliers de pauvres, de sans papiers qui meurent sans laisser de traces) et qui a repris en juillet pour redoubler sur une étendue nationale ?
Nous rangeons-nous à côté des néo-libéraux qui nient le danger afin de faire rentrer au travail les salarié.es sans prendre de mesures sanitaires, ceux-ci risquant leurs vies pour produire des profits et faire gonfler la Bourse ? Ou avec la résistance des urgentistes, enseignants et travailleur/euses de première ligne qui veulent se protéger et protéger les autres en renforçant les mesures de santé publique ?
Entre les deux camps ?
La ligne de classe est clairement tracée. D’un côté, les gouvernements néo-libéraux et fascisants, comme ceux de Trump aux USA et Bolsonaro au Brésil, tous deux négationnistes, minimisent dans leur propagande massive le danger du Covid19, refusent de porter des masques, dénigrent la science et découragent tout effort pour contrôler le virus. Leurs objectifs ?
Pour Bolsonaro, il s’agit du génocide des indigènes de l’Amazonie afin de l’ouvrir à l’exploitation agricole en coupant et brûlant les arbres qui donnent à la planète un grand pourcentage de son oxygène. Trump était déjà négationniste sur le réchauffement climatique, qu’il balaye comme un « mythe chinois ». Dès son installation au pouvoir, il a enlevé toutes les lois qui protégeaient l’environnement pour le profit de ses copains de l’industrie pétrolière.
Quant au Covid, Trump l’a nié dès le début (« un mauvais rhume ») et refusé de porter un masque. Il a annulé la participation des USA dans la recherche épidémiologiques dès son premier mois au pouvoir, et a retiré les USA de l’Organisation mondial de la Santé. Tous les jours, dans ses Tweets et des conférences de presse, Trump propage de fausses statistiques et ridiculise la science en écartant le Dr. Fauci, le chef officiel de la santé publique fédérale. Cette propagande négationniste est vite reprise par le parti républicain (au pouvoir au Sénat et dans beaucoup d’états fédéraux), par les médias de masse comme Fox News, et il inonde l’Internet, dont les algorithmes multiplient l’audience.
Résultat ? Les USA, pays le plus riche du monde, a le plus de malades et de morts de la planète. Grâce à la politique de Trump, qui ne pense qu’à sa réélection et à la Bourse, avec 4% de la population mondiale les USA comptent plus d’un quart de la population affectée. (« We’re Number One ! ») Comparée à la France, une Américaine, comme ma fille Jenny à New York, a plusieurs fois plus de chances de mourir du virus qu’une Parisienne. Et je ne compte pas sa condition auto-immune, sévèrement déclarée, qui pourrait fortement multiplier ce danger. Quant aux New Yorkais de mon âge, ça tombe comme des mouches.
Aux USA des milices chrétiennes-fascistes armées de fusils semi-automatiques organisent des manifs anti-masques menaçantes sous la protection de la police, d’habitude si brutale contre les manifestant.es, mais qui sympathise avec Trump. [1]
Même phénomène en Allemagne, où les néo-Nazis, de plus en plus nombreux et actifs, se servent de l’idée qu’ils défendent « la liberté d’expression » en rejetant les masques pour mobiliser les masses. Loin de défendre la liberté, ces Nazis font partie d’un mouvement international négationniste de droite financé par les groupes de droite néo-libéraux dont Trump et Bolsonaro sont les champions.
Entre ces mouvements néo-fascistes mortifères et la révolte des infirmièr.es et instituteur.ices qui défendent la vie humaine et le service public de la santé, je n’ai pas de mal à choisir mon camp.
- 1955 – Propagande contre le vaccin anti-polio, élément du « complot communiste international », selon les complotistes de « Keep America Committee ». Le complotisme a toujours été dans les bagages des réactionnaires.
Une vidéo qui explose ?
A propos de l’Allemagne, je viens de regarder une vidéo en langue allemande intitulé « 2000 médecins explosent les gouvernements sur la gestion du coronavirus » recommandé par des camarades Gilets Jaunes, ici en France, qui la considèrent comme une « bombe ». (Bombe à retardement : si on ne sait pas l’Allemand, il faut patienter et lire les sous-titres en tout petit). Voir
Or, loin de critiquer le manque de tests, de masques, de respirateurs, et de lits d’hôpital, typique de la gestion néo-libérale de cette crise de la santé publique, depuis longtemps affamée de crédits, le consensus de ces experts allemands (pas tous médecins) est qu’on exagère scandaleusement le danger de la pandémie afin d’imposer des lois liberticides. (Ici, en France, on nous a flanqué des lois liberticides pour écraser la révolte des Gilets Jaunes juste avant le Covid mais peu importe).
Cette impression est soutenue par des exemples sans doute authentiques qui soutiennent leur argument. Il y a sans doute des gouvernements de länders en Allemagne qui exagèrent leurs contrôles, des exemples de décès faussement attribués au Covid, des comparaisons avec la Peste Noire (Surprise ! Elle était beaucoup plus grave…) et des prédictions qu’il n’y aura pas de « deuxième vague ». (Comme c’était le cas avec la Peste, la grippe espagnole de 1918-21 et d’autres épidémies). On verra s’ils ont raison en 2021. Mais en attendant, pourquoi ne pas produire des tests, des masques, des respirateurs par principe de précaution ?
Pire encore, on accuse la revue scientifique The Lancet d’avoir publié un article niant l’utilité de la chloroquine. Pour ces experts allemands, c’est l’indice d’une conspiration chez les spécialistes. Mais The Lancet a dû retirer cet article sous la pression des critiques d’autres scientifiques, ce qui semble plutôt confirmer que le système scientifique international sait se corriger et qu’il n’y a aucun complot. D’ailleurs depuis un siècle tous les médecins portent des masques. Autre complot ? Et dans quel objectif ?
En revanche, les fans de Trump qui assistent sans masques aux grands meetings politiques qu’il organise sans respecter la distance sociale, tombent malades et meurent en grand nombre. Les statistiques dans les états républicains (rouges) sont désastreux pour les anti-masques. Bolsonaro et sa femme ont été testés positifs. Trump et son entourage prennent des tests tous les jours, tout en niant leur efficacité !
Je veux bien que ces experts allemands soient de bonne foi avec leurs secrets de polichinelle qu’on ne peut pas contester, et pas des pantins des négationnistes néo-fascistes qui manifestent à Berlin. Mais qu’est-ce qu’on peut faire politiquement de leur message ?
Organiser de véritables expériences scientifiques sous contrôle public pour démontrer l’utilité de la chloroquine utilisée à doses correctes et au bon moment ? Oui !
S’allier avec les négationnistes néo-fascistes Donald Trump et Jair Bolsonaro ? Rejoindre les rangs des gangs néo-Nazis qui manifestent contre les masques, divisent les masses et mettent en danger la santé des milliers d’innocents, comme ma fille et moi, qui doivent respirer ? Non !
Liberté individuel des privilégiés versus solidarité des masses opprimées ?
Je me bats depuis plus de 60 ans pour la liberté individuelle, mais je me pose la question « est-ce que certaines formes de confinement violent les droits humains ? ». Ce n’est pas impossible, mais la plupart ne le font pas. Au contraire, elles affirment la solidarité humaine, le droit des gens de vivre, ce que Trump et les néo-libéraux négligent. Je n’ai pas le droit de mettre la vie d’un voisin en danger de mort en rentrant dans un magasin sans masque. Je n’ai pas le droit de forcer mes employé.es à mettre leurs vies et celles de leurs familles en danger pour faire des profits.
Les communautés opprimées savent mettre la solidarité et la collectivité en avant. Ceux qui définissent « la liberté personnelle » comme l’absence de responsabilité vis à vis des autres suivent une conception de la liberté totalement bourgeoise. Surtout que Donald Trump, raciste et misanthrope, sait parfaitement que les pauvres, les opprimés, les racialisés, immigrés, les travailleurs meurent en plus grand nombre que les petits bourgeois blancs. Bolsonaro veut tout simplement achever le génocide des indigènes commencée en 1492. Ils font cette politique pour nous diviser.
Le rôle des Gilets Jaunes
Je n’ai pas le droit d’ignorer le problème de centaines de milliers de morts inutiles et continuer à me considérer comme Gilet Jaune. J’ai toujours compris que le rôle des Gilets jaunes était de donner une voix authentique et un pôle de rassemblement aux 99% indépendants des partis, syndicats et sectes afin de changer le système, d’instaurer la démocratie directe et défendre les services publics, surtout la santé, en soutenant la résistance des travailleur/euses, par exemple les infirmières et les urgentistes qui, mal payés et surmenés, réclament encore l’équipement protecteur, les masques alors qu’ils risquent leurs vies pour sauver les nôtres.
Notre rôle de classe est d’attaquer nos gouvernements de milliardaires qui, pour des raisons d’économies et de profits, ferment les lits d’hôpitaux et font des coupes dans les budgets face à une pandémie mondiale d’un nouveau virus dont on ne sait pas encore quand (ou si ) il va s’arrêter.
On vient d’apprendre que grâce au COVID les compagnies d’assurance et les groupes hospitaliers ont doublé les profits depuis l’an dernier à la même période. Les néo-libéraux au pouvoir profitent de cette crise pour privatiser la santé publique et se débarrasser du devoir de protéger la population. Au contraire, ils minimalisent la gravité de la situation pour obliger les travailleurs.euses pauvres à risquer leurs vies, le plus souvent sans protections adéquates (« ça coûte cher ! »), pour faire tourner leurs machines à profit.
Et pour « libérer » les parents esclaves salariés, les néo-libéraux veulent rouvrir les écoles en septembre sans y installer des protections adéquates, surtout le testing rapide et fréquent pour isoler les contagieux. Aux États-Unis, où partout manquent des tests, dont les résultats demandent 10 jours d’attente, les syndicats des enseignants préparent déjà une grève sous le slogan « J’aime enseigner mais mon cadavre ne pourra pas enseigner ! ». Il faut être avec eux.
05-08-2020 Richard Greeman
Intégrallement repris du blog Aurguments pour la lutte social