Tout commence avec nos besoins. Nous sommes tous et toutes précaires et notre premier besoin c’est l’alimentation. Passé la solidarité de nos ami.es et camarades, il fallait s’organiser.
La « récup » s’impose à nous comme une évidence. Afin d’avoir un accès libre – non dépendant de nos (absences de) revenus - à la bouffe. On a commencé autour de nous. Notamment les marchés et quelques magasins en centre ville. C’était un peu compliqué du point de vue logistique car ça fait plusieurs sorties dans la semaine. Des sorties proches ne justifiant pas l’utilisation d’un véhicule #CaddieStyle
Nous avons fonctionné de cette manière pendant quelques mois.
La Freepecerie
Face à l’augmentation des besoins en interne, nous devions trouver des solutions collectives plus efficaces. Ainsi nous avons trouvé des supermarchés autour de Montpellier facilitant l’accès aux denrées périssables (ou pas) et surtout comestibles. En quelques jours, un protocole de « récup » est mis en place. Donc nous pouvons nous ravitailler correctement deux à trois fois par semaine. A ce moment, nous fournissions des aliments aux habitant.es du collectif, aux personnes de passage et aux personnes non-habitant.es du collectif.
Début décembre, concorde avec le moment où nous maîtrisions parfaitement notre protocole de « récup ». L’idée d’Epicerie Solidaire vient d’un camarade ayant déjà travaillé dans la vente d’aliments ; un soir, début décembre, où notre « récup » dépassait outrageusement nos propres besoins. Une disposition attrayante, une photo sur facebook et l’info commence a circulé. L’épicerie solidaire du CASA est né #freepicerie.
La Freepicerie vient compléter les différentes activités inorganisées autour des questions de la vie au quotidien. Freeshop, accès libre à des machines à laver, accès libre à la cuisine, cantine populaire à prix libre, etc ; ces activités répondent à nos besoins. Nous même sommes précaires, ce qui est bon pour nous peut être bon pour d’autres personnes précaires.
Le bouche à oreille et notre page facebook faisant leur travail, on a très rapidement eu une cinquante de personnes en un week-end. Beaucoup d’étudiant.es étrangèr.es ou pas, des personnes migrantes, des personnes âgées avec faibles revenus ou avec un besoin de sociabilisation, des personnes relativement jeunes en précarité, et j’ai sûrement oublié beaucoup de gens. Cela change forcement l’organisation.
Nous n’aimons pas trop les chefs ni leurs ordres. Donc on s’organise ensemble au consensus dans la mesure du possible. Ainsi un planning (déjà existant) est mis en place pour gérer l’accueil et l’entretien de la Freepicerie. Mais aussi pour organiser les « récups » qui augmentent sensiblement jusqu’à une par jour. Encore une fois on a essayé de s’organiser avec d’autre que nous, un minimum pour une Maison Du Peuple. Un grand merci à tous ceux et celles qui nous on donné des coups de main divers à toutes les étapes vers cette objectif : sortir l’alimentation du capitalisme.
Les limites
Mais on voit pointer rapidement les limites. En effet en terme logistique on était déjà à un voyage par jour tous les jours, des fois plus pour remplir les étals de la Freepicerie. Sachant que les supermarchés, dont leurs invendus sont accessibles ou non détruit ne courent pas les rues. Ça commence à être chaud. Coup de grâce, une nuit mi-février, les grosses merdes qui dirigent le supermarché en question décident d’enfermer leurs invendus derrière une grille métallique fermée par un cadenas… Cela a signé très rapidement la fin de cette première tentative.
Commentaires
Notre volonté avec la freepicerie est d’amorcer une sortie de l’alimentaire du capitalisme. Pour nous la façon la plus efficace de le faire c’était collectivement par nous même et sans chef.
Tout d’abord recupérer des invendus d’un supermarché n’est pas exactement la même chose que sortir l’alimentation du capitalisme. Effectivement la « récup » dépend des conditions dont le supermarché laisse ces invendus. Bref les « récup » dépendent de l’existence des supermarchés. Bien sûr je tiens compte des circonstances et à ce moment là c’était la meilleure chose à faire !
Une autre limite c’est les conditions très précaires des prolos. L’information a circulé très très vite. Et très vite beaucoup de personnes sont venu.es Il y a un vrai besoin de survie au quotidien. En plus des personnes qui partagent le même projet que nous. Donc beaucoup de monde très vite.
Pour continuer ce projet il faut se rappeler que la nourriture que nous mangeons vienst de la terre et uniquement de la terre. Que les personnes qui travaillent la terre s’appellent des agriculteur.trice.s. Et que Montpellier est un territoire très proche des zones rurales agricoles. Donc pour ne plus dépendre des supermarchés et de leurs facéties, s’approcher des paysan.nes pour négocier avec eux/elles le droit de glanage [1] [2] [3] ou des échanges travail/nourriture sont une première idée. On peut continuer en participant à l’organisation de la demande en se regroupant collectivement entre consommateurs.trice.s. En plus, ça l’avantage de ne pas être soumis au besoin économiques des paysan.nes.
L’organisation libre de consommateur.trice.s d’une part et de producteur.trice.s d’autre part nous aurait permis de dépasser les quelques contradictions dans notre projet. Qui est toujours d’une absolue nécessité : sortir la bouffe du capitalovirus.