La monarchie sans le roi : de quoi l’Action française est-elle le nom ?

Créée en 1898 avec Charles Maurras et consorts, L’Action française semble connaître un renouveau (relatif) ces dernières années, notamment ici à Saint-Étienne, où leurs militants se sont fait remarquer par des ponctuelles et timides opérations de stickage et d’affichage. Mais de quoi l’AF est-elle le nom ? Article publié sur le site paris-lutte.info

Fondation et idéologie de l’Action française

L’Action française est un mouvement nationaliste et royaliste fondé en 1898, en pleine Affaire Dreyfus (1894-1906), qui revendique le retour du roi et l’instauration d’une monarchie héréditaire, fédéraliste et décentralisée. Pour y parvenir, elle a historiquement prôné le coup d’État. Orléaniste, l’Action française soutient les prétentions au trône de la descendance de Louis-Philippe II. On distingue les orléanistes des légitimistes, également royalistes, mais soutiens de la descendance de la Maison de Bourbon. Il existe un troisième courant monarchiste qu’on appelle « bonapartiste », qui souhaite une restauration impériale et le retour de la dynastie Bonaparte au pouvoir.

Sommairement, l’Action française défend le corporatisme et oppose à la lutte des classes une solidarité nationale avec le roi comme clef de voûte. Contrairement au fascisme italien, l’Action française n’aspire pas à la création d’un mouvement de masse. Ce rejet n’est pas sans lien avec la conception royaliste de la politique, considérée comme une science qui, dans l’état actuel de la société, dépasserait largement les capacités et les moyens intellectuels des masses. À cet égard, le projet royaliste prévoit d’ailleurs de réduire le suffrage universel à l’élection d’une représentation, et non d’un gouvernement, assuré par le Roi.

Le principal théoricien de l’Action française est Charles Maurras (1868-1952), fondateur de la doctrine du nationalisme intégral et antisémite notoire, dont les thèses ont largement inspiré le Statut des Juifs instauré par Vichy en octobre 1940.

Dans son Enquête sur la monarchie publiée en 1900, Maurras développe la doctrine du nationalisme intégral et oppose un « pays légal », incarné par la République et ses institutions jugées illégitimes et décadentes, à un « pays réel » (ou « pays vrai ») enraciné dans les provinces. Maurras décrit le « pays réel » comme le « pays qui travaille et qui ne politique pas », à qui la monarchie décentralisée doit permettre de s’imposer face au « pays légal ».

Le nationalisme intégral traduit la volonté de restaurer un pouvoir fort, chargé de régénérer la nation en rétablissements les fondements de son État, de son armée, de sa magistrature et de l’Église. La réalisation de ce projet nationaliste réside nécessairement par le retour de la monarchie, et à l’exclusion de ce que Maurras appelle les « Quatre États confédérés » juif, protestant, franc-maçon et métèque. L’expression vient d’Henri Vaugeois, militant nationaliste et co-fondateur de la Revue d’Action française (1899), qui deviendra l’organe du mouvement en 1908. Maurras considère ces « Quatre États » comme des États dans l’État, défendant des intérêts contraires à ceux de la nation.

En conséquence, il théorise l’antisémitisme d’État, qu’il définit comme un antisémitisme politique plutôt que biologique ou religieux, et qu’il oppose à l’antisémitisme allemand. Dans les années 1930, il écrit : « ‘A bas les Juifs’, parce qu’ils sont montés trop haut chez nous. Notre antisémitisme d’État consiste à leur reprendre, à leur interdire ce qu’ils ont pris de trop et en premier lieu, la nationalité française, alors qu’ils en ont une et indélébile, et qu’ils gardent toujours en fait. » (Maurras, L’Action française, 25 mars 1937, repris dans « Racisme », Dictionnaire politique et critique. Complément établi par les soins de Jean Pélissier, Paris, 1960-1969).

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L’Action française et le fascisme

L’Action française et le fascisme français

Georges Valois, figure centrale du Cercle Proudhon, a fondé en 1920 la « Confédération de l’Intelligence et de la Production française » (CIPF), un organe économique qui avait pour vocation d’organiser la production sur une base corporative. En 1924, la CPIF est renommée « Union des Corporations françaises ». Ce projet corporatiste est un échec. L’année suivante, les divergences entre Maurras et Valois poussent ce dernier à s’écarter de l’Action française. En 1925, Valois fonde Le Faisceau (1925-1928), premier parti fasciste de France.

En 1935, ce sont encore des anciens du mouvement qui fondent l’Organisation secrète d’action révolutionnaire nationale, un groupe terroriste fasciste surnommé La Cagoule (1935-1939). Bien que dénoncée par l’Action française, la Cagoule n’en partageait pas moins son nationalisme, son anti-républicanisme, son anticommunisme et son antisémitisme.

Du point de vue de la politique extérieure, Maurras s’est fait le défenseur d’une union latine réunissant la France, l’Italie, l’Espagne de Franco et le Portugal de Salazar pour lutter contre les velléités allemandes. Ce projet pousse certains militants de l’Action française à s’associer à des Croix-de-Feu en 1937 pour fonder la Bandera Jeanne d’Arc, un bataillon de 300 à 500 volontaires (dont des Suisses et des Belges) partis combattre aux côtés des troupes de Franco pendant la guerre civile espagnole.

L’Action française et le fascisme italien

Léon Daudet exprimait son admiration devant la prise de pouvoir de Mussolini en Italie en affirmant que « l’Action française, elle aussi, s’emparerait du pouvoir par la force, et que l’épuration faite par les fascistes ne serait rien à côté de ce dont la France serait témoin alors. »

P.-S.

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