Le rap tranchant de La Rumeur

Il existe une tradition de révolte dans le rap français. La Rumeur renonce aux musiques dansantes pour imposer un style qui repose sur des textes acérés. Ce groupe, qui a notamment mis en lumière les violences policières, revient sur son parcours.

Initiallement publié sur le blog de Zones-Subversives

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Fils d’immigrés des quartiers populaires

Hamé a grandit à Perpignan. C’est le fils d’un Algérien arrivé en 1952. « C’est l’année du procès Dominici et de Diên Biên Phu, c’est le temps d’une justice défaillante et d’un écroulement colonial », rappelle Hamé. Ce berger arrive en France à l’âge de 21 ans. Il passe d’un monde rural à la découverte de la ville occidentale, et de ses injustices. « Il est passé des moutons à la télé HD. Il a débuté pieds nus pour arriver dans le monde de Google Maps. Il a vu les ratonnades, les injustices, l’hiver, la dureté des hommes. Il a vu les usines aussi. Il les a fuies », décrit Hamé. L’ancien paysan préfère s’occuper d’un cheval de trait pour une maigre rétribution.

En Algérie, le conflit s’envenime. « Le seul dialogue, c’est la guerre », affirme François Mitterrand, ministre du gouvernement de Guy Mollet. Le père d’Hamé n’est pas un militant et ne fréquente pas les manifestations. Mais il soutient le Front de libération nationale (FLN) et la lutte pour l’indépendance. C’est le symbole d’une Algérie qui a brisé ses chaînes.

Pendant la décennie noire des années 1990, l’Algérie est coincée entre le régime militaire et les islamistes. Le chanteur Cheb Hasni est assassiné par les islamistes qui estiment que la musique détourne de Dieu. « Sans être militante ou programmatique, la musique de Cheb Hasni a une portée politique. La joie de vivre, l’espoir d’une jeunesse, l’élan vers l’avenir », indique Hamé. Le gamin de 12 ans découvre Germinal, le roman de Zola. La misère ouvrière, l’héroïsme, la lutte des classes, l’espoir d’un monde nouveau transportent le jeune Hamé. Un désir d’écriture se manifeste déjà. Il fréquente également une école de la classe moyenne blanche. Il subit le racisme et le mépris de classe.

Ekoué grandit dans les barres HLM de Villiers-le-Bel, en région parisienne. Il est issu d’une famille du Togo. Ce pays d’Afrique a été rapidement décolonisé. Mais il reste traversé par des conflits et des luttes d’influence. Les marxistes liés à l’URSS s’opposent à l’armée française. Aujourd’hui encore, le Togo subit la colonisation française. Le franc CFA illustre l’emprise économique et monétaire de la Banque de France. La Françafrique n’est pas remise en cause, ni par la droite, ni par la gauche. « C’est l’héritage du pouvoir gaulliste. Des cabinets noirs. C’est là, ça reste. Un jour, cette bombe va s’inviter dans le débat public », annonce Ekoué. Areva et Total défendent leurs intérêts économiques. L’uranium du Togo explique la continuité de l’emprise coloniale.

Ekoué et sa famille s’installent à Elancourt. Il est scolarisé dans une école avec des enfants de la petite bourgeoisie pavillonnaire. Ekoué subit l’injustice de l’école. Les professeurs le punissent de manière injuste et n’hésitent pas à le stigmatiser. « Etre puni quand on a rien fait, c’est formateur. Le rapport à l’institution s’est cassé », confie Ekoué.

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