[Vidéo] Témoignage Carnaval de Montpellier Mardi Gras 2018

Témoignage écrit et vidéo reçu après le Carnaval de Montpellier du 13 février 2018.

Mais que s’est-il passé au Carnaval de Montpellier 2018 pour Mardi Gras ?

De nombreuses fêtes traditionnelles sont célébrées aujourd’hui en France telles que Noël, Saint-Patrick, la Chandeleur, la fête de la musique, la fête de la Saint-Jean. Carnaval en fait partie, c’est un héritage de la fête des Lupercales de l’époque romaine qui au cours de l’histoire a évolué en fête chrétienne puis populaire. Elle se célèbre aujourd’hui dans le monde entier : Carnaval de Rio, Carnaval de Dunkerque, carnaval de Limoux, etc. Dans le Sud de la France on retrouve Carnaval dans de nombreuses villes et villages, des montagnes à la plaine.

Pour nous, Carnaval est un moment clef de l’année. Durant la semaine grasse l’ambiance est à la fête, aux rires, à la boisson, aux blagues grasses, à la chine, à la musique et à la ré-appropriation de la rue. S’en suit une période calme où l’on repose le corps et l’on nourrit l’esprit jusqu’au printemps.
À Montpellier cette tradition ne se retrouve que le Mardi Gras ; il se prépare en amont grâce aux ateliers de costumes et masques, de chants, de musique. Le jour J, nous aimons à faire un défilé qui se termine par un jugement de M. Carnaval dit Caramentran, accusé de tous les maux de l’année et condamné à la crémation.

Cela est impossible à l’heure actuelle !

Dans cette ville les seuls carnavals autorisés sont ceux pour les enfants (Carnaval dit « occitan », carnavals de quartiers) ou ceux qui rapidement se dirigent dans des boites de nuit (Carnaval antillais). Le Mardi Gras se retrouve depuis des années interdit alors même que personne ne l’organise ; seul un rendez-vous est connu : 19h au Peyrou. Le climat anti-fête populaire s’intensifie puisque nous assistons à la gentrification du centre-ville, aux arrêtés municipaux contre les rassemblements et l’alcool durant l’été et pendant les fêtes populaires. Montpellier et ses politiques aiment la fête qui rapporte, les bars et salles de concert où rien ne dépasse dans la rue et que seuls les gens ayant un peu de sous peuvent se payer. De la bière à quatre euros mais pas le vin local qui coule à flots !

Pour nous le Carnaval n’est pas une manifestation, à bon entendeur.

Nous sommes en 2018, au lendemain du Carnaval (que Midi Libre à péjorativement baptisé « Karnaval des gueux » dans les années 2000). Philippe Saurel déclare le lendemain à France 3 que « c’est plus un carnaval ! » Or c’est lui-même, avec la complicité du préfet, de la police et des médias, qui ont voulu ôter le côté populaire, festif et inversé à grands coups d’arrêtés inquiétants (qui en réalité ne faisaient qu’interdire quelque chose de non-autorisé, situation que Rabelais aurait trouvé très carnavalesque). Ces annonces avaient pour but de dissuader les familles, les simples carnavaliers, les passants et au contraire motiver les plus énervés.

Le carnaval est gratuit pour ceux qui y participent mais combien coûte le dispositif policier et répressif ?

En effet nous avons découvert, atterrés, un déferlement de violence de la part des forces de l’ordre. Une violence tout d’abord verbale, de par les insultes aux carnavaliers et aux simples passants : « enculés », « connards », « bâtards », « dégage torchon », « ta gueule dégage », « je vais t’en foutre des instruments », ainsi que physique et matérielle : tirs de LDB sur les voitures, clefs de bras aux gens hors du Carnaval, gaz lacrymogènes sur le Carnaval et les terrasses de café et matraque pour tous. Les pompiers présents accompagnés d’un canon à eau auraient pu éteindre les feux mais ont préféré s’en prendre au défilé. Nous ne saluerons pas, comme l’a fait le préfet, le « sang-froid des forces de l’ordre » car ils étaient au contraire chauds bouillants. Nous ne pouvons accepter ces actes de violence gratuite ; il semble que ce Carnaval devienne la fête des policiers et des médias.

Car oui, nous dénonçons aussi les médias avides de scoops, de « gueux » énervés, de casseurs, car ils contribuent à faire monter la pression en amont et s’en donnent à cœur joie pendant et après le carnaval (les médias).

Nous dénonçons enfin Phillipe Saurel qui au lendemain de ce carnage se pavanait en K-way vert foncé au défilé des Palhassas de Cournonterral sans y participer. La présence d’un « élu » officiel à un Carnaval est une insulte à tous les Carnavals.

Nous rappelons l’injonction d’un président coutumier de la répression et ne connaissant que peu de volets de la culture et de la fête qui disait pourtant, le 27 novembre 2015 « Nous multiplierons les chansons, les concerts, les spectacles, nous continuerons à aller dans les stades. Nous ne céderons ni à la peur, ni à la haine »

Carnaval tornarà l’an que ven e se siam pas mai, que siguem pas mens !


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