Le clan des Brigandes demande la protection de la police

Suite à la couverture médiatique nationale du mois de janvier dernier, (l’extrême droite est pour une partie de la presse un marronnier comme un autre), le Clan Brigande, installé depuis 2015 à La Salvetat sur Agoût, demande au préfet de l’Hérault une protection policière. Panique ou écran de fumée ?

Il faut croire que la protection policière dont a bénéficié le Clan Brigande lors du procès des Roudier (père et fils), le 5 décembre 2017 au TGI de Montpellier, lui a bien plu, car il en redemande.

Par un courrier adressé au préfet de l’Hérault et rendu public par le Clan lui-même (sur son site et déposé chez quelques commerçants du village), il vient de demander la protection de la police, harcelé qu’il serait par les journalistes (voir photo, extrait).

Pourtant l’attitude des Brigands et Brigandes venues soutenir les ligueurs du midi démontrait de leur part un empressement certain à rechercher les caméras. Leur carte de visite n’est-elle pas le spectacle ?

C’est bien ce qui nous fait examiner cette lettre comme une simple action de communication.

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Bien sûr que le Clan Brigande n’a aucune illusion sur l’obtention d’une protection policière. Celle que la gendarmerie locale lui accorde en ne se précipitant pas pour enregistrer les plaintes, lui suffit. L’objectif de cette demande est avant tout de se victimiser vis à vis de la population et peut-être des quelques gogos qui le suivent sur le net.

D’ailleurs, depuis qu’elle se refait des couleurs, l’extrême droite use et abuse de la victimisation. Ses militants ne seraient que de pauvres résistants assaillis de toutes parts par les musulmans, les antifas, la police, la justice, la république... sans oublier bien sûr les francs maçons et les juifs.

La Ligue du midi vient de pleurnicher, elle aussi, au verdict du procès du clan Roudier ( 1 mois de prison ferme) sur l’acharnement de la justice et de la « bien pensance » généralisée, que subit le « lanceur d’alerte » Olivier Roudier (le fils). Il faut dire que le garçon a l’alerte brutale.

À l’extrême droite, c’est donc la grande comédie de on ne nous comprend pas, pourquoi tant de haine nous qui ne faisons qu’exprimer une opinion certes antisystème, mais avec modération.

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Là est bien le but du Clan Brigande : se faire passer pour ce qu’il n’est pas , tout à la fois les sauveurs de la civilisation française, les défenseurs de la vrai foi, des remparts vivants contre la décadence mondialiste, homosexuelle, juive, libertaire... et une petite communauté tranquille où la vie simple et familiale rythme le temps.

Donc, après la minimisation adoptée par le groupe à son arrivée à La Salvetat petit groupe musical de variétoche pour nos petits bals de ploucs, la victimisation.

Car l’argument développé dans leur appel au secours est en gros celui là : sur le village nous ne nous affichons pas comme fachos, même si notre répertoire sur le net s’affiche lui, avec prudence, mais sans complexe. Pour preuve de leur prudence cet extrait du courrier : « Les accusations de racisme et d’antisémitisme sont sans fondement car si une certaine ironie est acceptable, l’injure et l’incitation à la haine ne sont pas tolérables et nous le savons. »

C’est aussi, étrangement, l’argument que le maire de La Salvetat, Thibaut Estadieu, utilise en direction de ses « administrés » . Il minimise en s’obstinant à nommer le groupe par son nom de variétoche (les Ultra Sixties) et, tout en reconnaissant que son « idéologie peut parfois déranger à juste titre », déclare qu ils n’ont à sa « connaissance jamais pratiqué de prosélitisme localement ». (extraits bulletin municipal janvier 2018).

Bien sûr ces arguments ne tiennent pas. D’abord parce que le net, c’est la place publique, ensuite parce que le Clan Brigande s’affiche bel et bien localement (voirs photos) et enfin que les témoignages d’intimidations et de menaces existent bel et bien, quelques plaintes ont d’ailleurs été déposées.

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Mais la cohérence, on le sait, n’est pas le fort du Clan qui n’hésite jamais à se contredire. Il dit, dans son courrier au préfet : ne pas avoir « d’appartenance politique » mais soutient publiquement la Ligue du Midi ; « n’empêche personne de ]le[ critiquer » mais menace de poursuites, par courrier, les opposants locaux comme par exemple le collectif des antifascistes des Hauts Cantons (voir son bulletin n°3) ; déclare « nous sommes légalistes », mais affirme que l’école de la république pratique le « viol psychologique » des enfants ; se réjouit de vivre « dans un Etat de droit et » espère « que cela sera toujours ainsi » mais affirme que la justice est aux ordres des antifascistes. Bref du flan ! de la mauvaise réthorique !

Alors devant tant de … contradictions, on hésite à trancher : noire bétise, amplifiée par le soutien appuyé du Maire et d’une partie du village (40% de vote FN) ; affichage d’un profond mépris pour les locaux que le Clan juge trop ploucs pour voir les ficelles de leurs finasseries ; énervement devant l’opposition qui grandit dans le village et dans les Hauts Cantons (pour preuve la forte participation à la projection du film d’Angélique Kourounis sur l’extrême droite en Grèce, à St Pons le 19 janvier dernier).
On verra.

Le Clan est contesté par voies légales (dépots de plaintes), par voie de pétition, mais aussi, et c’est ce qui nous nous intéresse plus, par une partie de la population qui s’organise collectivement afin de dépasser les prises de positions individuelles qui ont la faiblesse d’offrir au Clan des angles d’attaque efficaces, notamment en faisant passer ces engagements solitaires pour des règlements de compte personnels contre lui et/ou le maire.

Encore une petite remarque : certains opposants et journalistes croient bon d’insister sur le côté sectaire du Clan Brigande, certains ont même alerté la MIVILUDE (misssion interministérielle contre les sectes).

Il est indéniable que le Clan Brigande, ne serait-ce que par sa forme, a des comportements sectaires. Mais là n’est pas son plus grand danger social, car son ambition est bien plus grande que celle de spolier quelques gogos ou permettre l ’épanouissement de son « gourou ».

Le Clan Brigande veut donner corps à une idéologie dont il n’est plus besoin de prouver les effets délétères sur le corps social. Danger décuplé quand ses ambitions en rencontrent d’autres comme celles de la Ligue du Midi ou du Front National.

Ce groupe est à prendre au sérieux malgré le ridicule qui le caractérise. Une partie de la population des Hauts Cantons ne s’y trompe pas.

Los catfèrs

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