Retour sur l’Apéro-Discussion du vendredi 26 juin, place de l’Europe, autour du mouvement social à Montpellier

L’idée de cet apéro-discussion est de resserrer les rangs après ce confinement qui nous a désorganisé. Faire le bilan des deux dernières années et voir où on veut aller. L’idée est de voir les forces toujours présentes.

Note du Pressoir : ce relevé de note de l’apéro-discussion, est forcemment subjectif. Il a pour but de partager publiquement ce qui c’est dit. Le Préssoir ne cautionne pas tout les propos .

Bilan de la situation :

On est au fond du trou, le confinement a achevé les espoirs, et entériné la désorganisation. Les manifs ne servent plus à rien il y a de moins en moins de monde, les manifs sont perçues par certains comme une perte de temps. Elles n’ont plus de sens et ne portent plus d’espoir. Il n’y a plus de répondant, de chants, on marche et on erre sans objectif. La dernière manif à Montpellier a été un échec, la manif des soignants du 16/06 a été une belle réussite. Le rituel du 14h00 Comédie est lassant. C’est plus démocratique de se retrouver avec pleins de gens aux idées différentes. Le mouvement n’est pas mort, on va se retrouver.

Certains observent le bilan avec pessimisme alors que d’autres sont rassurés de voir qu’il y a encore des gens dans la lutte.

Il y a eu un basculement dans le mouvement des Gilets Jaunes, celui du fameux « Travaille, Consomme et Ferme ta gueule ». On a raison contre une masse de gens puis on a perdu. Les choses ne se jouent pas au niveau des AGs. Les Gilets Jaunes ont une identité forte.

On est toujours nombreux mais de moins en moins de gens en AG.

On a été de toute les luttes mais on est de moins en moins nombreux et on ne sait pas quel levier activer.

Il n’y a pas eu de basculement révolutionnaire.

Les stratégies depuis 1968 n’ont pas fonctionné. La stratégie « des témoins de jéhova » à chercher à convaincre les autres pour faire nombre ne marche pas. On est allé à l’affrontement on n’a pas gagné non plus. On a gagné de discuter ensemble, on a dépassé les discussions de paroisses. Les révolutions sont faites par des minorités. On a gagné plus que les autres mouvements.

Convergence et divergence :

Le mouvement des Gilets Jaunes est parti des campagnes. On sent qu’on capte des personnes qui luttent pour la même chose que nous même s’ils ne sont pas tous Gilets Jaunes. C’est une convergence naturelle. On est en pleine évolution.

C’est dommage d’avoir loupé le coche avec les jeunes. Ça a été la découverte de nouveaux réseaux sociaux sur lesquels ils sont très actifs comme Instagram. Les jeunes qui étaient présents étaient des jeunes gauchistes plutôt que des jeunes de quartiers.

Il n’y a pas de positionnement clair. On met sous le tapis ce qui divise comme un positionnement sur l’immigration. On sait qu’il y a des gens qui votent RN par exemple dans les Gilets Jaunes, il y a des racistes on ne peut pas le nier. L’appel de Commercy qui a été plébiscité a donné une orientation claire là-dessus. Pas de facho dans les Gilets Jaunes. C’est à chaque groupe d’être vigilent là-dessus et de faire le ménage dans ses rangs. À la base il y a de tout dans les Gilets Jaunes. Il y a eu un tournant social qui a écarté pas mal de monde comme la ligue du midi présente au début du mouvement. On a cependant du mal à converger avec les luttes anti-racistes. On savait qu’il y avait des gens qui votaient RN dans notre groupe, mais ils sont partis d’eux même à force de constater qu’il n’y avait pas de répondant, qu’on n’allait pas dans leurs sens, certains ont également évolué. Les personnes ne sont pas forcément fachos mais perdues dans les idées. Elles ne font pas les liens, ne voient pas les imbrications des dominations. Il ne faut pas hiérarchiser les mouvements mais se nourrir les uns les autres. C’est un travail à faire même avec l’ultra gauche. Il ne faut pas oublier de lutter contre et ne pas rester sur des positions très ouvertes et extrême.

Il faut une diversité de stratégies dans le court terme et le long terme.

Revendications et évolutions :

On s’est éparpillé sur les revendications économiques de base, les sans-papiers ce n’est pas mon combat [1]. En travaillant ensemble, en créant cet imaginaire commun on a évolué dans nos positions. Le pouvoir d’achat n’a plus d’écho, on veut un changement de société. Peut-être que c’est notre point d’accord, changer la société. On veut du mieux vivre maintenant et pas du pouvoir d’achat. Face à ce système certains veulent créer ou rejoindre des communautés autonomes. Le problème est que l’oppression est telle que tous ceux qui ont envie de changer ne pourront pas sortir du système. Il n’y aura pas le nombre. Et sans cette masse se pose la question de la violence d’un petit nombre. Il faut politiser la question de la santé.

Solidarité :

On parle beaucoup de solidarité mais il manque de personnes devant les tribunaux et les prisons en soutien aux incarcérés.

Dès que l’état ne garantit plus la solidarité on doit le sus-planter. Ne pas lâcher le terrain de l’action publique malgré la répression. On ne nous laissera pas faire, on doit se défendre.

Tous les mardis au Barricade, 19h30, assemblée contre les violences d’Etat ouverte à tout le monde (organisation de la solidarité avec les detenus, inculpés ou molestés par les forces de l’ordre).

Gestion de groupe :

Un groupe se gère, c’est un travail dans le groupe, un travail de cohésion avec des discussions de fond. Ce travail ne peut se faire que dans plein de petits groupes éparpillés plutôt que dans des gros groupes durs à gérer. Il faut continuer à évoluer dans la lutte. En restant en petit groupe on ne pourra pas gagner.
Dans notre groupe les fractures n’étaient pas sur les idéaux mais les modes d’expression, il y avait les tractistes, les intellos...

Dans notre groupe [à Sète] on ne devait pas faire de listes, pas d’asso et on se retrouve phagocyté par un mouvement d’extrême gauche. Chacun fait ce qu’il veut pour travailler avec les autres (partis, syndicats, CNNR).

Besoin de concret :

On répète toujours les mêmes choses en réunion, on se présente fait le bilan, mais rien de concret n’en sort. La réalité est locale, elle doit être ressentie. En local on se connait. Tous travaux qui vont dans le sens d’une organisation collective pour mettre le système de côté est bon à prendre. Il faut une diversité de stratégies dans le court et le long terme et des formes d’action ou il n’y a pas besoin de nombre.

Bilan des groupes :

À Lunel il n’y a plus rien. À Marseille il n’y a plus de maison du peuple. Gignac, le groupe n’a pas éclaté, on a du monde qui est arrivé et pas forcément des Gilets Jaunes, très ouvert sur les mouvements en lutte. Au bassin de Thau il y a du monde mais pas à l’AG. Il y a eu des éclatements dans le groupe.

Interrogations :

Quels sont nos objectifs ?
De quels moyens disposons-nous ?
Pourquoi on se bat ?
Comment faire descendre les gens dans la rue ?
Comment s’organiser ?

Perspectives :

  • Continuer dans l’esprit Intergroupe, faire un audit des groupes, impulser un nouvel élan, élargir à partir des liens tissés.
  • Créer un réseau, développer les actions directes (comme des affichages) ne pas rester sur les manifs.
  • Il faut fatiguer les flics.
  • Ouvrir le mouvement pour rejoindre les différents collectifs en lutte, déjà se regrouper entre personnes en lutte.
  • Recenser les gens et se mélanger.
  • Contacter les autres mouvements.
  • Continuer sur l’élan de solidarité qui a existé pendant le confinement (sur la bouffe en particulier).
  • Relancer une Inter-lutte en faisant attention de pas mettre en branle des gros trucs qui seraient des machines à gaz.
  • Il faut agir sur le local, faire des petites actions.
  • Faire des actions de solidarités, des actions précises.
  • Se constituer un imaginaire commun en dehors du capitalisme en même temps qu’on attaque le capital.
  • Se nourrir les uns les autres avec les différents mouvements.
  • Revenir aux bases des Gilets Jaunes, revendications liées à l’économie.
  • Se connaitre entre groupe, créer des passerelles.
  • Faire des communautés autonomes.
  • Mettre en place des groupes de réflexion sur l’avenir.
  • Recréer la solidarité là où l’état la laisse tomber.
  • Continuer les actions publiques (malgré la répression).
  • Gérer les choses là où on habite.
  • Politiser la question de la santé.
  • Aller aux urgences et réclamer plus de chose. On peut le faire mardi.
  • Travailler sur la peur.
  • Faire des actions coup de poing

Notes

[1Note du Pressoir : position d’une personne parmis une cinquentaine présente. Elle ne reflète ni les personnes présentent, ni le collectif qui anime le site du Pressoir.

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