Anthropocène ou capitalocène ? [Andreas Malm]

Extraits d’un article paru sur lundimatin, qui propose une première lecture du livre d’Andreas Malm intitulé L’Anthropocène contre l’Histoire, à La fabrique éditions en avril 2017. L’auteur y retrace la notion d’anthropocène en traquant le réchauffement climatique à l’ère du capital.

L’anthropocène, kesaco ? On sait que les scientifiques s’entendent sur des noms en « cène » pour caractériser les périodes d’évolution de la Terre comme système géologique, climatique et biologique – devrais-je dire « biophysique » ou encore « biochimique » ? depuis environ soixante-six millions d’années.

(...)

Or donc voici qu’un certain Crutzen, Paul de son prénom et accessoirement Prix Nobel de chimie en 1995, proposa au tournant du siècle vingt de nommer « Anthropocène » notre nouvelle ère géologique et de la dater de l’invention de la machine à vapeur, à la fin du XVIIIe siècle. Selon lui (...) l’Anthropocène est ce bref instant (à l’échelle géologique) durant lequel anthropos (l’homme, toujours en grec, c’est plus chic) se mêle d’influencer le cours des choses au point qu’on peut le qualifier de « cause géologique ». L’homme donc, ou l’humanité si l’on préfère, porterait donc la lourde responsabilité du réchauffement climatique provoqué par son activisme effréné. Andreas Malm trouve ça un peu fort de café. "L’humanité, présentez-moi cette jeune personne, et je vous dirais comment elle s’habille, ce qu’elle fait et quels méfaits elle commet."

(...)

Responsables ou : à qui profite le crime ? Puisqu’aussi bien il semble s’établir un consensus autour du phénomène de la révolution industrielle comme cause essentielle du réchauffement climatique, on doit s’interroger sur les acteurs de cette révolution. Étaient-ce « les hommes », au sens de « l’humanité » ? À l’évidence non ! Qui ça, alors ? (...) Andreas Malm accuse plus précisément les sujets du Royaume-Uni et, encore plus précisément, les premiers capitalistes industriels.

(...)

[Il] nous y propose ensuite une théorie du capital fossile par laquelle il tente de démontrer que capital et combustibles fossiles sont indissociables. (...) Ferraillant contre les explications plus ou moins « naturalistes » de la crise écologique en cours, il nous propose de « repenser radicalement les forces à l’origine de la destruction écologique actuelle. Il ne faudrait pas les voir, poursuit-il, comme des aspirations archaïques de l’espèce humaine, (...). Le capital est un processus spécifique qui se déroule comme une appropriation universelle des ressources biophysiques, car le capital lui-même a une soif unique, inapaisable, de survaleur tirée du travail humain au moyen des substrats matériels. Le capital, pourrait-on dire, est supra-écologique, un omnivore biophysique avec son ADN social bien à lui » (p 137).

J’en conclus il vaudrait peut-être mieux parler de capitalocène plutôt que d’anthropocène ; et que je recommande la lecture de ce livre dont, encore une fois, je suis loin d’avoir proposé un compte rendu exhaustif.

P.-S.

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