Le parc de Las Rébès à Montpellier menacé de bétonnage

Les grands projets urbains, ce n’est pas uniquement à Notre-Dame des Landes ou à Sivens. A Montpellier aussi, on est aussi noyé sous le bétons et les grands travaux. Un article sur le bétonnage du parc de Las Rébès évoque ces enjeux.

Demain matin, ACM assigne en justice des habitants qui protègent le parc de la Colline de Las Rebes, le seul espace vert du coin. Le bailleur social veut le bétonner pour construire 63 nouveaux logements alors qu’il ne remet pas en état les logements insalubres du quartier.

« Ma conviction est que la mobilisation citoyenne est aujourd’hui la réponse attendue par nos concitoyens », écrivait Philippe Saurel, alors candidat aux élections régionales de 2015. Depuis le déjà maire de Montpellier et président de la métropole est aussi le président d’ACM, le bailleur social historique de la ville. Et il réprime d’une main de fer toute mobilisation citoyenne qui va à l’encontre de ses projets. Les habitants du quartier de Las Rebes en font actuellement les frais : les associations les Enfants de la Colline, Poumon vert et dix personnes sont assignés demain à 8 heures au tribunal de grande instance par ACM. Un rassemblement de soutien est prévu.

La Colline : unique poumon vert

Las Rebes, entouré des quartiers Cévennes, Petit-bard, Pergola et Alco, est un des nombreux quartiers dits populaires de Montpellier. Les habitants sont de « la classe moyene et moins », explique Sébastien, président des Enfants de la Colline, assigné par le bailleur. Dans ce quartier où dominent les immeubles , la Colline de Las Rebes offre une véritable respiration dans ce tout béton. Un hectare d’espace vert sur lequel ACM a mis la main en 1999. Laissé en friche, Sébastien et ses voisins ont entrepris de réhabiliter l’endroit. « Des enfants du quatier qui nous observaient sont vite venus nous aider. C’est comme ça qu’est née l’association les Enfants de la Colline », raconte-t-il.

Au bout de quelques minutes, on comprend très vite l’utilité sociale de cet espace vert : des dames y promènent leurs chiens, les gosses y construisent leurs cabanes. D’ailleurs, la Colline est une bande verte qui relie les bâtiments entre eux. Les habitants ont pleinement investi l’endroit en mettant en place des jardins en permaculture bio, « faits avec les enfants », insiste Sébastien. Mais le 12 juillet dernier, certains ont décidé de mettre fin à cette cohésion sociale. « Un camion est venu embarquer tout notre matériel, nos tables, nos chaises et nos outils », se rappelle Sébastien. Le camion n’avait pas de logo mais l’ombre d’ACM semble planer sur cet enlèvement.

Criminalisation

Tout s’accélère en ce mois de février 2016 quand des croix orange apparaissent sur les arbres. Ils vont être abattus. Les habitants organisent une veille citoyenne pour guetter les bûcherons qui ne tarderont pas à venir. Le 8, le 10 et le 11 février, ils empêchent des ouvriers d’abattre les arbres et de clôturer l’endroit. Un huissier aux ordres du bailleur social prend des photos. Le dossier en justice se constitue. D’ailleurs, le réquisitoire d’ACM est clair : il y a « urgence à faire cesser ce trouble », est-il écrit sur l’assignation où ACM pointe aussi les rthumb_IMG_8596_1024éunions « illicites » des habitants sur le terrain. En clair, ACM leur reproche une entrave à l’activité économique.

C’est qu’ACM veut à tout prix faire couler son béton. Sur le seul hectare de disponible, le bailleur prévoit trois bâtiments avec deux petits espaces verts. « Mais ce ne sera que des bordures et des zones arborées », explique Sébastien qui a analysé le projet en détail. « Deux bâtiments seront construits sur les bords du terrain et un en plein milieu. Ce dernier délimitera donc deux zones distinctes », poursuit-il. Et il en sera terminé de cet espace qui réunit l’ensemble des habitants : « dans le meilleur des cas, il y aura deux fois 2 500 m2 d’espace vert ! » Ce projet sera aussi l’occasion de réaligner la rue Casseyrols. « Pour cela, ils vont prendre deux mètres sur les jardins des villas qui se trouvent sur le bord de la rue », indique Sébastien.

Insalubrité et mise en danger

L’argument des décideurs politiques pour légitimer le projet est que Montpellier manque cruellement de logement social. C’est vrai. Mais ce ne sont pas 63 logements bétonnant un espace vert qui vont absorber les plus de 20 000 demandes de logements sociaux. En plus, le quartier comporte déjà de nombreux logements HLM. Une véritable politique de cohésion et de mixité sociale serait de mettre du social là où il y en pas ou peu. Comme dans le nord de la ville qui ne comporte que 3% de logements sociaux (relire notre enquête sur la politique de logement social ici).

Mais un autre argument crédible contre ce projet est soumis par les habitants : leur propre sécurité. « Nous sommes en zone orange pour les risques argile qui concerne le gonflement des sols. L’ancien bâtiment B11 s’enfonce déjà dans le sol ! Comme le terrain est incliné, qu’est-ce qui se passera pour les bâtiments en amont ? », demande Sébastien. « Il y a un an, des appartements du B11 ont eu des fractures. Ils ont coulé du béton et mis des pouterelles en acier pour le renforcer. On estime aussi que la construction du bâtiment intermédiaire va toucher la dalle en béton du B11. Le maire peut bloquer le permis de construire s’il y a un danger réel. Et là, il peut y avoir un effondrement ou un glissement de terrain. » Sébastien et ses voisins savent mieux que quiconque ce qui se passe au quotidien car, de mémoire d’habitant, les décideurs politiques ne sont jamais venus sur le terrain.

D’ailleurs, ACM devrait mettre toute son énergie à réhabiliter son bâti avant de construire de nouveaux logements. Ainsi, le bâtiment B11 qui s’enfonce dans le sol prend l’humidité comme le montrent ces photos que s’est procuré Pas de roses sans épines. Dans les caves, rien ne peut être stocké.

Pire, les appartements du rez-de-chaussée sont insalubres comme le prouvent ces photos. L’humidité a tout ravagé alors que l’installation électrique n’est pas aux normes.
Des appartements qui sont alors de vrais nids à infection pour leurs locataires.

Mais les courriers envoyés à ACM restent lettre morte. Claudine Frêche, épouse de feu Georges Frêche, qui dirige le bailleur d’une main de fer n’a que faire de la santé des ses locataires. Avec son allié Philippe Saurel, ils préfèrent attaqué en justice de modestes habitants. Effectivement, ACM considère qu’il y a un préjudice économique de 27 352€ par mois, ce qui correspondrait aux loyers des 63 logements à construire ; 500€ d’astreinte par infraction constatée et 750€ par personne au titre de l’article 700.

Ce jeudi 25 février à 8 heures au TGI de Montpellier (Place Pierre Flotte), nombreux sont celles et ceux qui viendront soutenir les habitants assignés. D’autres resteront sur place sur la Colline pour éviter un énième mauvais coup du bailleur. Dans ce bras de fer, les élus ont décidé de montrer leurs petits bras musclés. Mais il semble bien qu’ils aient sous-estimé la force d’une mobilisation véritbalement citoyenne.

Pour soutenir les habitants de Las Rebes :

Jeudi 25 février 2016, rassemblement à 8h au TGI (Place Pierre Flotte).

Samedi 27 février 2016, échange de Graines et de Savoirs, Essaimons Ensemble !, à 15h, rue Casseyrols.

Voir l’article en ligne sur le site Pas de roses sans épines

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