« On ne fait pas d’omelettes sans casser des oeufs », c’est ainsi que l’antiterrorisme français a longtemps justifié ses largesses judiciaires plus ou moins systématiques. C’est tout l’avantage de l’état d’urgence : l’institution policière n’a plus besoin de (se) justifier de quoi que ce soit. Il n’y a plus d’omelette qui tienne, c’est la course aux oeufs de pâques toute l’année.
Il n’a pas fallu une semaine pour que le vernis émotionnel de l’état d’urgence craquelle et que le gouvernement mette à nu la fonction centrale de ce dispositif : opérer sur la population et jouer des peurs légitimes pour justifier la mise au pas de tout ce qui ne file pas droit. Nous avions publié, il y a deux numéros, un petit récapitulatif des opérations policières préventives suscités par un appel à braver l’état d’urgence le 29 novembre.
Des dizaines d’activistes, de militants politiques ou de gens qui n’ont tout simplement pas eu de bol, se sont retrouvés à être assignés à résidence ou à avoir l’interdiction de se rendre en Ile-de-France pendant toute la durée de la COP. Plus récemment, c’est un habitant suisse de Tarnac à qui la police a signifié que s’il remettait les pieds en France où il travaille et vit avec femme et enfant, ce serait pour loger dans un camp de rétention. Tout cela n’est certainement qu’un début.
Tiré du site Lundi.am