Quelles seront les premières attaques de Macron ?

Après avoir détaillé ses actions passées qui nous en disent déjà beaucoup sur ses ambitions, essayons un peu de voir l’avenir. Avoir des dons divinatoires n’est pas réellement nécessaire puisque Macron a déjà donné les grandes lignes de sa future politique. Il a même déjà annoncé quelles réformes contre les prolos il allait lancer en premier. Et au fur et à mesure de ses interviews, on peut voir les détails de ces différents projets de loi qui commencent à se dessiner.

Bien évidemment l’application telle qu’imaginée de telle ou telle réforme sera conditionnée par pas mal de choses et ces projets risquent de se modifier. Notamment en fonction des résultats des législatives et selon avec quelle majorité Macron doit composer. Mais aussi en fonction de ses rapports aux syndicats et de quelle carotte il décide d’agiter pour les éviter d’appeler à la lutte. Les contours de ces attaques sont en train de se dessiner et on peut d’ores et déjà commencer à rentrer dans le détail :

Enlever presque toutes les pages au Code du travail.

Il l’a annoncé à de multiples reprises, son but est de pouvoir le « simplifier » au maximum. Par simplifier, il faut bien sûr entendre supprimer de nombreuses protections aux bénéfices des salariés que les patrons avait était obligé de lâcher pour maintenir la paix sociale. Pour cela, le calendrier de Macron est simple. Il veut faire passer dès l’été à l’assemblée, un projet de loi d’habilitation à légiférer par ordonnances visant le Code du travail. Toute loi sur le Code du travail n’aura donc besoin que de l’aval de Macron pour être ratifiée. Ça peut paraître tellement autoritaire que l’on se dit que ça risque de ne pas passer, même du côté des partisans de ce type de réforme (La CFDT par exemple n’y est pas favorable parce que le principe de l’ordonnance l’empêche de pouvoir négocier des miettes, mais elle reste totalement pour cette quasi-suppression du Code du travail). Pourtant en septembre 2013, le gouvernement Ayrault avait fait voter quelque chose similaire pour permettre de baisser les charges des entreprises. La procédure votée par l’assemblée s’appelait projet de loi d’habilitation à prendre par ordonnances diverses mesures de simplification et de sécurisation de la vie des entreprises et permettait déjà à Hollande de casser certaines parties du code du travail, notamment au niveau du contrat d’embauche[1]. À cette époque Macron était alors conseillé spécial du président.

Les grands contours des ordonnances qu’il souhaite prendre sont déjà déterminés. Il veut commencer par plafonner les indemnités prud’homales pour les licenciements sans raison valable. Cette réforme était déjà dans la loi travail. Mais c’est le seul petit point sur lequel le gouvernement précédent a lâché face au mouvement social. Le but étant alors de donner cette carotte aux syndicats pour qu’ils sortent du conflit qui était en train de naître. Mais la carotte est restée coincée dans la gorge de Macron qui revient déjà à la charge sur le sujet.

Les autres ordonnances prévues visent à largement renforcer la loi El Khomri. La seconde est de permettre de supprimer un paquet de délégués syndicaux (CHSCT, Délégués du personnel, Comité d’entreprise) en les fusionnant tous dans un délégué unique du personnel (DUP) et ce, pour toutes les boites, quelle que soit leur taille.

Accepter d’être payé moins que le SMIC grâce aux référendums d’entreprise

Mais c’est la troisième qui reste le gros morceaux. Elle vise à ce que les référendums d’entreprises[2] créées par la loi travail et qui peuvent décider d’augmenter le nombre d’heures de travail par semaine, puissent être initiés par les patrons.

Mais pourquoi se limiter seulement au temps de travail, Macron souhaite surtout que ces accords d’entreprises ou de branche puissent aussi définir le salaire. Le plus important c’est que depuis la loi El Khomri, ces accords de branche ou d’entreprises priment sur le Code du travail[3].

En clair, si Macron réussi à faire passer l’ordonnance qu’il souhaite, un patron pourra signer un accord avec les syndicats pour baisser les salaires en dessous du SMIC et faire bosser les travailleurs jusqu’à 48h/semaine. Si le syndicat n’est pas d’accord, le patrons pourra toujours faire un référendum d’entreprise en menaçant de faire un plan social si les employés ne votent pas pour.

S’il parvient à suivre le calendrier qu’il s’est fixé, il veut faire passer ses ordonnances dès cet été. Ce qui devrait nous promettre une des rentrée sociale les plus explosive de l’histoire…macron

La suppression de l’Unedic

Un des autre angle d’attaque choisies, est la suppression de l’UNEDIC. Créé en 1958 L’Union National Interprofessionnelle pour l’Emploi dans l’Industrie et le Commerce est l’organisme en charge de la gestion de l’assurance chômage. Bien que gérant des cotisations prélevés par l’Etat, L’UNEDIC reste statutairement une association (type loi 1901) et est cogérée de manière égale par des représentants d’organisations syndicales et patronales (depuis les années 1990, la direction alterne entre MEDEF et CFDT).

Macron a annoncé qu’il allait lancer une grande réforme de l’UNEDIC visant supprimer ce fonctionnement paritaire. Le but étant que l’État reprenne totalement la gestion de l’assurance chômage. Il veut même supprimer les cotisations chômage sur les salaires pour les remplacer par une hausse de la CSG.

Vu comme ça, on a l’impression que ça ne change rien pour nous. Que les cotisations chômages soient gérées par l’État ou la CFDT, de toute façon ce sont des ennemis qui se retrouvent à la tête de l’UNEDIC. Sauf que la véritable différence, c’est que l’argent cotisé précédemment pour le chômage pourra alors être utilisé totalement différemment par l’État. En intégrant les cotisations chômage à la CSG, il peut faire basculer l’impôt dédié au chômage dans un poste totalement différent. Le chômage n’est plus alors un système d’assurance auquel on cotise, mais se transforme en impôt plus ou moins redistribué en cas de cessation d’emploi et selon la volonté des gouvernements.

Dans un temps assez bref, cela risque de faire comme la sécurité sociale et les retraites. La CSG censée les financer étant utilisée pour d’autres dépenses de l’État, la branche n’est alors plus considérée comme rentable et il faut faire des coupes drastiques. Ce qui a pousser entre autre à la baisse du nombre de médicaments et d’interventions remboursés et à l’augmentation de l’âge de départ à la retraite.

Le projet de Macron est de faire la même chose au niveau du chômage. Cette réforme va obligatoirement baisser le budget et encourager les gouvernements à créer de plus en plus de cas où il sera impossible de toucher son allocation. En plus, ce chômage ne sera plus un droit pour lequel on a cotisé, mais une allocation donnée par l’Etat selon son bon vouloir. Il pourra donc en baisser le montant et la durée selon sa volonté.

La chasse aux chômeurs

Après avoir tout fait pour qu’ils touchent le moins d’allocations possible, Macron a pour but de mettre tout le monde dans l’incapacité de refuser chaque boulot qui lui sera proposé.

Dans les détails, son idée est d’obliger les chômeurs à faire un bilan de compétence dès le premier mois de chômage. Une sorte de liste de tout ce qu’ils savent faire. Si un boulot disponible correspond à une de ses compétences, le chômeur est obligé de l’accepter. Sinon après deux refus on lui coupe tout moyen de survie (RSA, aide au logement, chômage voir allocation handicapée). Par contre si les compétences cochées dans ce petit livret ne correspondent pas à des jobs disponibles, alors on vous oblige à faire une formation pour vous rendre adaptable au marché du travail. Là encore si l’on refuse la formation ou si l’on n’est pas assez présent en cours, les vivres sont coupés et on se retrouve à la rue.

Tout l’enjeu est de savoir ce qu’il y aura dans ce bilan de compétence. La volonté de Macron est que cela ne se limite pas à celle conférée par les diplômes. Vous avez repeint votre cuisine tout seul ? On peut vous proposer un boulot de peintre en bâtiment. Qu’importe si vous avez un diplôme de Kiné-ostéo, vous êtes obligé d’accepter.

Vraisemblablement les contrôleurs vont se baser sur nos emplois précédents pour déterminer ces compétences. Du coup, les petits jobs alimentaires passés risquent de se retourner contre nous. Si vous avez bossé à Monop’, ils vont cocher la case « gestion de caisse » et on ne pourra pas refuser de taf dans la grande distribution. Pareil si on a travaillé 2 mois à McDo pendant nos études, la compétence « restauration » sera validée et un ingénieur informatique au chômage sera obligé d’aller bosser au Patacrèpe du coin.

On peut facilement voir où cela va nous mener s’ils poussent la logique jusqu’au bout du projet… Toujours selon son calendrier prévisionnel, la suppression de l’UNEDIC et la chasse aux chômeurs devraient commencer au tout début de l’année 2018.

Enfin ça c’est seulement si Macron parvient à se maintenir au pouvoir jusqu’à ce moment-là…

P.-S.

Entièrement repris de 19h17.info.

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