L’Espagne, passion française, 1931 - 1975 Guerres, exils, solidarités

Présentation du livre mardi 08 novembre à 20h30 au Centre Ascaso Durruti, 6 rue Henri René - quartier Gare à Montpellier.

L’Espagne, passion française, 1931 - 1975

Guerres, exils, solidarités - Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez-Maler

Odette Martinez-Maler présentera le livre.

L’Espagne, passion française, 1931 - 1975

Guerres, exils, solidarités - Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez-Maler

Odette Martinez-Maler présentera le livre.

Les fragments d’histoires partagées

Pendant quarante ans, l’Espagne divisa la société française. Avec passion. Non pas une passion. Mais des passions, souvent irréconciliables. Et parmi celles-ci : les passions multiples et parfois contradictoires de celles et ceux qui prirent parti pour une Espagne libre, tissant des liens profonds d’entraide.

Ce sont ces solidarités croisées, de part et d’autre des Pyrénées, que nous avons voulu rendre sensibles, en particulier à travers les archives privées de ceux qui en furent les acteurs. Albums de photographies ou lettres de volontaires envoyées depuis le front pendant la guerre d’Espagne, dessins griffonnés au fond des camps du sud de la France, comme autant de défis à l’enfermement ; tracts et papillons subversifs qu’Espagnols et Français, luttant au coude à coude dans la Résistance, lançaient au risque de leur vie ; poèmes, mouchoirs de coton blanc brodé à l’ombre des crématoires des camps nazis où tant de républicains espagnols furent déportés, depuis la France : autant de vestiges des actes minuscules et immensément dignes qu’ensemble – Espagnols et Français – ont opposé à ceux – eux aussi Espagnols et Français – qui programmèrent
méthodiquement entre 1939 et 1945, la négation de l’humain.

Indices des expériences singulières que des hommes et des femmes firent de l’engagement, ces archives personnelles nous livrent leurs regards particuliers, l’écho de leurs voix uniques à travers des récits personnels qui dessinent leurs trajectoires individuelles et tout à la fois conjuguées.

Elles éclairent et complètent les nombreux documents publics – presse illustrée, affiches, brochures, tracts militants ou reproduction d’archives administratives – que nous avons placés en contrepoint. Ces lettres, ces photographies, ces écrits ont voyagé à travers les ans et les lieux, souvent en contrebande d’une Histoire officielle ; retenus longtemps dans le secret des familles, gardés au fond de tiroirs obscurs tels des reliques d’un temps lointain, mais toujours actuel, ils nous parlent aussi de la traversée de silences qu’imposèrent les récits qui firent autorité. C’est une Espagne rêvée, contrariée, inachevée et, en grande partie, à venir qu’évoquent les traces de mémoire que nous avons ici réunies. Entre 1931 et 1936, le peuple espagnol, non sans divisions, entre partisans d’une révolution sociale et défenseurs d’une république bourgeoise, s’est insurgé. Une Espagne s’inventait, là-bas, prenant quelquefois la France comme modèle de république sociale quand une poignée de généraux, admirateurs du fascisme, imposèrent, à tout ce peuple, à la suite du coup d’État du 18 juillet 1936, l’Espagne noire « une, grande et éternelle » de Franco. Pendant quarante ans, les Espagnols furent confrontés à l’un des régimes autoritaires les plus sanglants du xxe siècle.

L’« Espagne interrompue, obstinément future » – dont parle le poète et résistant Jean Cassou – n’a cessé de s’engager, ici, au rythme de solidarités contre le franquisme, contre le nazisme et jusqu’à la mort du Caudillo en novembre 1975, contre l’une des dictatures les plus longues d’Europe.

Vus d’Espagne, ces archives forment le legs clandestin de mémoires empêchées par le régime du Caudillo, puis minorées par celui qui vit le jour à la mort de ce dernier. Les voix venues d’en bas que délivrent les fragments de journaux intimes ou de témoignages que nous avons recueillis ici nous invitent à relire, depuis une autre perspective, la guerre d’Espagne et ses suites : non pas comme une « folie collective dont tous furent également victimes », mais bien comme un affrontement social et politique entre deux projets de société divergents. Longtemps rejetées dans les marges d’un récit consensuel donné comme condition du nouvel État démocratique, qui « oublia » pourtant de condamner le franquisme jusqu’en 2002, elles contribuent à ouvrir l’espace d’une controverse qui nous engage au présent.

Vues de France, ces paroles d’exilés et de Français sont les bribes de récits mineurs longtemps étouffés sous le poids de récits glorieux de la Résistance où figuraient fort peu ces guérilleros venus poursuivre de ce côté des Pyrénées, un combat initié, de l’autre côté, contre l’allié d’Hitler et de Mussolini. Leurs auteurs, qui combattirent en France, pour des valeurs qui n’étaient pas seulement françaises, éclairent ces « blancs » qui viennent trouer les récits diplomatiques des relations entre la France et l’Espagne : l’abandon de la République espagnole en 1936 puis, encore une fois à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, l’accueil infâmant réservés aux réfugiés en 1939. Mais ils rendent aussi hommage à tous ces « Français espagnols de coeur », frères d’armes, alliés de leurs combats pour la liberté. C’est pourquoi, à notre tour, mettre en valeur les traces intimes de ces itinéraires entre France et Espagne, ce n’est pas seulement exposer les documents ou les signes d’une Histoire refroidie. C’est tenter d’accompagner, autant que faire se peut, l’acte infime et décisif par lequel des hommes et des femmes, longtemps effacés des chroniques tentent, une fois encore, de partager au coeur de l’espace commun, le souvenir de ce qu’ils ont vécu, et au-delà des faits accomplis, l’élan de leurs espérances.

Geneviève Dreyfus-Armand et Odette Martinez-Maler

Mardi 08 novembre à 20 h 30 au Centre Ascaso Durruti, 6 rue Henri René - Montpellier.

P.-S.

Qu’est le CAD ?

Ce lieu de rencontres et de culture libertaire tient son nom de deux militants libertaires morts dans les premiers mois de la Révolution Espagnole de 1936. Son but est de diffuser les idéaux anarchistes.

6 rue Henri René, quartier Gare à Montpellier. Téléphone : 04 99 52 20 24

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