9 mars à Montpellier : ce n’est qu’un début

Un compte-rendu forcément subjectif de la journée du 9 mars à Montpellier, avec manifestation suivie d’une assemblée.

A Montpellier, le 9 mars apparaît comme un vrai test. La jeunesse précaire est particulièrement présente dans la ville. C’est exactement le même profil sociologique que celui des personnes qui relaient en boucle cet évènement dans les réseaux sociaux. Mais encore faut-il passer du virtuel à la rue.

Début mitigé

La CGT et l’intersyndicale, en vieux renards du militantisme, ont prévu une manifestation le même jour. A 11h à la gare, le cortège ressemble au classique défilé syndicaliste. La fameuse manif traîne-savate avec slogans formatés et haut-parleur qui crache les tubes militants. Un autre rendez-vous est donné à la préfecture à 11h. C’est celui qui est relayé par une assemblée de lutte et par les réseaux sociaux. Le cortège doit ensuite partir en manif sauvage. La CGT et la police ne sont pas prévenues du parcours.
Mais, loin d’une masse d’encagoulés prêts à en découdre, ce sont des jeunes qui sont rassemblés. Lycéens, étudiants, précaires attendent dans le calme le cortège syndical. Ce sont des personnes qui semblent peu politisées. Seules quelques jeunes femmes ont confectionné leurs pancartes en carton. Aucun tract n’est distribué. Aucune banderole n’est déployée. Le rassemblement reste tranquillement muet. Ce qui tranche avec la manif syndicale dans laquelle chaque groupuscule y va de son tract (qui connaît le PRCF ?).

Manif de non encartés

Lorsque la pluie s’invite à la manif, l’échec semble annoncé. La sono de la CGT envahit l’espace avec les discours classiques des bureaucrates et les slogans en faveur du travail et de l’exploitation. Au final, malgré la pluie qui perdure, le cortège ne cesse de grossir. De nouvelles personnes rejoignent une manif dans laquelle les non syndiqués semblent même majoritaires. Ce qui est assez rare pour une manif de cette ampleur. Surtout en début de mouvement.
Devant la Chambre de Commerce et l’industrie se déroule un spectacle grotesque. Une armée de CRS protège le bâtiment du patronat local. En plus de ce barrage, le service d’ordre des syndicats protège les CRS. Flics, patrons et syndicats mains dans la main pour défendre l’ordre existant. Il ne manque qu’une photo de ce spectacle très révélateur. Moins amusant, une jeune manifestante a été arrêtée pour jet de projectile. Ni cocktail Molotov, ni boulon, ni même canette vide. C’est juste un peu de peinture qui lui vaut une arrestation, une soirée au commissariat et un procès à venir. La répression intransigeante vise également les actions ludiques et festives.

Spontanéité et désir de lutte

A l’esplanade, une foule impressionnante s’est amassée pour suivre l’assemblée. La pluie ne cesse pas. Les manifestants ont visiblement envie de discuter, de se rencontrer et de poursuivre le mouvement. Pas question de renter chez soi se réchauffer. Pas question de se contenter d’une promenade symbolique. Les manifestants veulent prendre la lutte en main. Ils décident alors de s’abriter à la Maison des syndicats pour discuter.
L’assemblée discute un peu de la loi travail. Quelques propositions grotesques, alternativistes ou réformistes, ressortent. Mais sans susciter l’enthousiasme. Le désir d’action directe est plus fort. Un jeune homme y va même de son appel à l’insurrection. De nombreuses personnes n’ont pas vécu un tel mouvement depuis longtemps. D’autres semblent découvrir la discussion collective, avec son charme et ses limites. En effet, l’assemblée regroupe surtout des jeunes, très souvent non encartés. C’est un véritable mouvement spontané qui émerge, même si des politiciens n’hésitent pas à s’exprimer malgré l’indifférence.
L’assemblée est bien ancrée dans les luttes sociales. Une manifestante évoque sa lutte contre la CAF et l’importance de l’action directe collective. Une autre revient sur la grève des postiers. L’assemblée décide de rejoindre la manifestation contre l’état d’urgence prévue ce samedi 12 mars à Plan Cabanne. Les idées d’actions se multiplient pour renverser le rapport de force. La prochaine assemblée est même prévue à l’issue de cette action.

Forces et faiblesses

Un mouvement fort et spontané part de la base. Un représentant de l’intersyndicale daigne même prendre la parole pour appeler à l’unité. Il prend conscience que les appareils vermoulus ne peuvent pas se passer de ce mouvement de la base. Mais ce ne sont plus les bureaucrates qui donnent le ton. Personne ne se risque à attendre la date initiale du 31 mars.
Il faut également souligner les limites de ce début de mouvement. C’est surtout la jeunesse qui exprime sa révolte. Les salariés sont peu présents. Aucun cheminot ne s’est exprimé malgré la grève nationale à la SNCF. Aucun travailleur ne vient se féliciter de la reconduction de la grève dans sa boîte. Ils sont peut-être occupés à débrayer et à convaincre leur collège à se lancer dans la lutte. Mais le constat fait sur ce site reste pertinent. Dans les entreprises, c’est toujours la résignation qui prédomine. Pour faire reculer le pouvoir, les manifestions ne suffisent pas. Des grèves et des actions de blocage doivent permettre de paralyser l’économie. Le patronat ne recule que lorsque ses profits sont directement attaqués. Ce mouvement semble encore trop minoritaire pour faire trembler le pouvoir.

La lutte c’est tous les jours

Tout notre soutien aux postiers et postières en grève

P.-S.

photos prises de la page fb de l’appel à la manif du 9 mars

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