Contre l’extrême droite, l’Etat, l’union sacrée et les fanatismes religieux : les luttes sociales

Une tentative d’analyse des attentats et de l’état d’urgence et des possibilités de luttes

La vague d’attentats qui touche l’Europe, l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient, a aussi frappé la France le vendredi 13 novembre 2015. Ces attentats ont apparemment été commis par des jeunes embrigadés par l’État Islamique. Cette organisation politico-religieuse est un ennemi des prolétaires, des travailleurs comme des chômeurs de tous les pays.

Fanatiques religieux, obscurantistes de tous poils (chrétiens, juifs, hindouistes, bouddhistes...) cherchent à nous diviser sur une base religieuse, communautariste, qui va à l’encontre de nos intérêts de classe. En montant les gens les uns contre les autres, et surtout les plus pauvres entre eux, sur une question religieuse, très éloignée de nos intérêts quotidiens, ils cherchent à récupérer les révoltes légitimes contre la société.

Le manque de perspectives révolutionnaires ou radicales, les conséquences actuelles du colonialisme, les discriminations permanentes, le racisme institutionnel ou non, la situation économique catastrophique pour toute une frange de la population, permet aux fanatiques d’entraîner derrière leur logique obscurantiste et meurtrière certaines personnes désespérées.


C’est ainsi que des jeunes qui ont grandis dans des quartiers populaires en France, ont pu se faire exploser dans des quartiers pauvres de Paris où vivent des populations diverses et certainement pas les plus riches. D’un autre côté, d’autres individus se retrouvent dans des mouvements racistes et réactionnaires comme « Jour de colère », le « Printemps français » ou les conspirationnistes antisémites proches de Soral et de Dieudonnée.
Obscurantismes religieux ou extrême droite crasse, ces mouvements montent les communautés les unes contre les autres au dépend de nos intérêts collectifs. Les populations immigrées ou issues de l’immigration, les pauvres, les marginaux... sont stigmatisés, culpabilisés, parqués dans des ghettos, surexploités et rendus toujours plus pauvres depuis des décennies. Les pouvoirs politiques, économiques et médiatiques orchestrent l’abrutissement général, poussent aux communautarismes et à la guerre de tous contre tous.

Les pouvoirs politiques, économiques et médiatiques orchestrent l’abrutissement général, poussent aux communautarismes et à la guerre de tous contre tous.

Pourtant en tant qu’ouvrier menacé de licenciement ou de baisse de salaire, en tant que chômeur traqué comme fraudeur, en tant que jeune harcelé par les flics, en tant que migrant enfermé dans un centre de rétention ou dans un bidonville... nos problèmes ne sont pas religieux ni communautaristes ! Ce sont les situations matérielles dans lesquelles nous place ce système d’inégalité basé sur le profit de quelque uns qui constituent un problème. Nous avons les mêmes ennemis : non pas le travailleur, le chômeur d’une autre nationalité ou d’une autre religion mais ceux qui créent cette situation, ceux qui en tirent profits, les capitalistes et les États qui les servent !
Les gouvernements utilisent d’ailleurs les appels à la haine des fanatiques religieux pour rassembler autour du nationalisme et du tout sécuritaire. Le gouvernement français appelle à l’unité nationale, à l’union sacrée comme lors de la première boucherie mondiale en 1914 ou plus récemment pour Charlie Hebdo.

En tant que chômeurs, que travailleurs nous n’avons aucun intérêt à soutenir nos gouvernements.

En tant que chômeurs, que travailleurs nous n’avons aucun intérêt à soutenir nos gouvernements.

Ce sont eux qui mènent des politiques anti-sociales au service des plus riches, ce sont eux qui font des interventions impérialistes à l’étranger.

Les conséquences de la situation actuelle sont :

- De réunir la population derrière un État qui passe son temps à s’attaquer aux classes populaires au service du patronat ;
- de justifier, voire d’intensifier les guerres à l’étranger dans l’intérêt de l’économie capitaliste ;
- de mettre en place des lois liberticides contre les populations et répressives contre les luttes sociales ;
- de faire monter les idées réactionnaires et finalement l’extrême droite.

L’État cherche à rassembler derrière sa politique, à nier les rapports d’exploitation par une illusion : la communauté nationale. Nous n’avons rien de commun avec les actionnaires et les patrons d’entreprises, avec les plus riches en France comme ailleurs. Nous avons par contre tout en commun avec ceux qui luttent au Kurdistan, qui subissent les bombardements des uns comme des autres ou la répression des dictateurs et de l’État Islamique en Syrie, en Irak... La classe dirigeante utilise toutes les armes pour nous diviser et nous abrutir afin d’affirmer son pouvoir et d’accroître ses profits. Ainsi en France, l’État, derrière lequel il faudrait se rassembler, est celui qui ronge depuis des années les miettes obtenues de hautes luttes (sécu, aides sociales...).
Ce sont les gouvernements actuels qui font toujours plus de cadeaux au patronat à travers le pacte de responsabilité où 50 milliards passent des services utiles à la population (hôpitaux, écoles...) dans la poche des actionnaires des grandes entreprises, qui précarisent encore plus les chômeurs et les travailleurs par la remise en cause du code du travail, les accords UNEDIC ou l’ANI...
Dans une situation de crise économique qui atteint la population dans ses conditions d’existence, la seule perspective de l’État, c’est de s’attaquer aux classes moyennes et populaires pour maintenir les profits. Après avoir aggravé nos conditions de vie, le gouvernement veut nous faire taire et nous entraîner à sa suite !
Face aux révoltes qui pourraient résulter des inégalités de plus en plus criantes, les tenants du système capitaliste appellent à une unité artificielle face à un ennemi commun.

Ces interventions impérialistes sous des prétextes humanitaires servent les besoins du capitalisme.

Dans le même temps, l’État français mènent de nombreuses guerres à l’étranger. Ces interventions impérialistes sous des prétextes humanitaires servent les besoins du capitalisme. Au Mali et en Afrique de l’Ouest, la France cherche à maintenir son influence, à garder une stabilité politique qui permet aux capitalistes de faire des affaires. La plupart des entreprises, des usines, des mines, des moyens de transport appartiennent ou sont liés à des capitalistes français. Bolloré construit une ligne de chemin de fer entre le Bénin et la Côte-d’Ivoire et a besoin d’ordre et de stabilité au Burkina et au Mali voisin pour faire des profits. Areva doit pouvoir continuer à piller l’uranium nigérien. Or, le fanatisme religieux au Nigéria ou en Libye menace les intérêts des capitalismes français. En Centrafrique, la France défend là aussi sa zone d’influence dans les anciennes colonies, sans compter les ressources du sous-sol qui l’intéresse. En Syrie et en Irak, la situation est dramatique, les différentes interventions américaines, françaises… ont multiplié les bourbiers et les ruines. Et lorsque des révoltes sociales ont lieu, elles sont écrasées tant par les religieux et les régimes en place que par les armées occidentales. L’État Islamique qui surfe sur les désillusions, les peurs, la haine de l’occident rallie les cadres de l’ancienne dictature de Saddam Hussein, une partie des populations désespérées et des communautés discriminées. Il tend à se constituer en État avec toute l’horreur qui va avec. L’occident porte l’entière responsabilité de la situation critique au Moyen Orient. On peut se demander si les tentatives sociales et démocratiques au Rojava (Kurdistan au nord de la Syrie) ne seront pas les nouvelles victimes de cette situation.
Le gouvernement justifie de nouveau par l’humanitaire sa politique d’interventions, de guerres à l’extérieur. On peut même se demander jusqu’au où ira cette politique impérialiste... De nouvelles guerres sont possibles et utiles à l’État et au capitalisme.
La crise économique encourage les États à mener des guerres qui peuvent offrir de nouveaux débouchés pour leurs marchandises, qui permettent de créer une économie de guerre. En dernier ressort, c’est par la 2e Guerre mondiale que la crise de 1929 a pris fin. Ces guerres sont la conséquence des rivalités entre États impérialistes au service des entreprises capitalistes nationales. Les tensions entre la Turquie, alliée des États-Unis, et la Russie sont à ce titre révélatrices et effrayantes. La guerre permet aussi de mettre au pas les populations, de les mettre au travail en baissant au maximum ce qu’ils appellent « coût du travail », c’est-à dire nos moyens de vivre ! Enfin une économie de guerre permet d’augmenter la production militaire et d’offrir de nouveaux marchés pour la reconstruction. L’État mène la guerre à l’extérieur mais aussi à l’intérieur.

L’État mène la guerre à l’extérieur mais aussi à l’intérieur.

Le gouvernement a promulgué l’état d’urgence pour 3 mois avec le soutien de l’ensemble des partis présents au parlement. Sur simple décision du préfet, les flics peuvent perquisitionner sans raison, les manifestations et les réunions peuvent être interdites, les associations dissoutes, chacun d’entre nous peut être assigné à résidence... L’armée est déployée dans les grandes villes, l’occupation militaire du territoire est un fait. Les personnes ayant une fiche « S », 10 à 20000 personnes dont 4 à 10 000 islamistes et une partie du reste d’extrême gauche, sont menacées d’être arrêtées sans raison ni jugement. Ces mesures remettent en cause le peu de libertés soi-disant démocratiques que nous avons. Ces décrets qui visent les terroristes, répriment les petits trafics au passage et donnent aussi la possibilités de s’attaquer aux luttes sociales et aux positions divergentes.

Ces décrets qui visent les terroristes, répriment les petits trafics au passage et donnent aussi la possibilités de s’attaquer aux luttes sociales et aux positions divergentes.

Ces mesures annoncent un contrôle renforcé des populations, des petits moyens de débrouille...
On peut s’attendre à des attaques en règle de l’appareil d’État contre ceux qui ont un discours différent de l’unité nationale. Cette politique de la peur, permet à l’État de nous habituer peu à peu à ces restrictions des libertés et à cette répression qui semblera bientôt normale à la plupart des gens. Les contrôles aux frontières, déjà rétablis pour la COP21 et face à l’afflux de migrants, devient systématique. C’est au moment où de nombreux migrants, qui ont souvent subis la barbarie de l’État Islamique et du dictateur Bachar El Assad, cherchent à atteindre des endroits sûrs où ils peuvent survivre que les frontières sont renforcées. C’est un nouvel exemple de la façon dont le nationalisme et les frontières sont dressés contre les populations.
Les luttes sociales, les révolutionnaires et les classes populaires en général seront les victimes de ces lois et de la répression qui va avec. D’ors et déjà, l’auto censure a mené à l’annulation de nombreuses grèves, les manifestations sont inexistantes (sauf quelques unes, violemment agressées par la police) et la contestation semble absente ou cachée.
Nous n’avons aucun intérêt à museler nos luttes à un moment où le gouvernement cherche à mener une politique liberticide et anti-sociale, où les communautarismes et les obscurantismes religieux cherchent à nous diviser...

Ce système social, économique et politique favorise les conditions pour que ressortent les haines communautaires, le fanatisme et les mouvements réactionnaires. Le gouvernement de gauche mène des politiques sécuritaires et exprime un racisme plus ou moins latent. Il reprend les idées les plus réactionnaires défendues depuis longtemps par la droite la plus radicale. La société entière semble de plus en plus traverser d’idées racistes, de peurs irrationnelles, de replis communautaires. Les politiciens de gauche comme de droite se servent de ces peurs et répandent ces idées putrides. L’extrême droite utilise ces événements et se targue d’avoir défendus en premier les mesures que le gouvernement prend actuellement et en profite pour radicaliser ses exigences. Le Front National fait une identification entre les migrants et les terroristes alors que les réfugiés sont très souvent les victimes des fanatiques religieux ! D’autres tendances de l’extrême droite défendent des théories conspirationnistes sur les causes des attentats. Ces positions nauséabondes servent à semer la confusion dans les esprits. Plutôt que de voir clairement les intérêts des capitalistes et des États, elles mélangent une pseudo-révolte anti-système et un complot mondial. Ces idées, souvent antisémites, loin de permettre de comprendre la situation, dressent les communautés les unes contre les autres. En dernier ressort, elles serviront les intérêts des capitalistes si la nécessité de réprimer les révoltes sociales se fait sentir. Loin d’être anti-système, les membres du FN ou les militants proches de Dieudonnée et de Soral, sont des politiciens racistes, appartenant à l’élite sociale. Si ils se préoccupent des moins favorisés, c’est dans le but de les manipuler et d’arriver au pouvoir. Jamais un grève ou un quelconque mouvement social n’a été soutenu par ces politicards. Au contraire, ils se proposent pour éteindre toute contestation, ils sont prêts à casser les grèves et soutenir les patrons. Leur pression permet déjà de rogner les aides sociales, de passer des lois de plus en plus dures contre les travailleurs et les chômeurs, alors qu’attendre d’eux si ils arrivaient au pouvoir ? Les franges des classes populaires qui ont pu croire dans ces politiques seront les premières victimes de ces courants nationalistes.

La seule perspective possible face à cette situation passe par les luttes sociales. Seules ces luttes peuvent réunir les travailleurs, les chômeurs de toutes origines autour de leurs intérêts réels : la lutte contre l’exploitation et toutes les formes de dominations qui lui sont liées.
Seules les luttes des travailleurs, des chômeurs, des exploités peuvent s’attaquer à la fois aux politiques de l’État, aux capitalistes, à l’extrême-droite, aux fanatismes religieux.
Non à l’union sacrée et au patriotisme, aux interventions militaires
Non à l’état d’urgence, à la fermeture des frontières et aux lois de sécurité
A bas le nationalisme, l’extrême droite, les replis communautaires et tous les obscurantismes

Vive l’internationalisme

Vive les luttes sociales

Des individus des Cévennes pour la Révolution sociale

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